jeudi 4 juin 2009

carte d'idendité nationale

Vous me connaissez, je ne suis ni révolutionnaire, ni terroriste. Je suis un citoyen paisible français, social-démocrate. Enfin, je croyais. Parce dans ce que je viens d’écrire, tout est vrai, sauf français. Je suis un citoyen paisible, social-démocrate, mais pas français.
Voici les faits, bruts. Jamais les faits n’ont été aussi bruts. Ma carte d’identité était valable dix ans. La date de péremption est le 6 juin 2009. Je me présente à l’antenne de la préfecture de police pour demander le renouvellement d’une carte d’identité qui prouvait jusqu’aujourd’hui ma qualité de citoyen français. J’ai apporté une preuve de domiciliation, une facture d’EDF à mon adresse. Mon ancienne carte d’identité. Des photos d’identité où il faut regarder de face sans rire, sans sourire et sans lunettes. Je croyais encore à ce moment-là, dans la cabine photographique, que j’étais citoyen français alors qu’il ne me restait plus que quelques minutes de nationalité.
Je remplis le formulaire. Je suis né à Lille. Mes parents, Icek et Chawa sont nés en Pologne, naturalisés français après la Seconde Guerre mondiale. J’ai le numéro 127. On m’appelle. Je suis reçu par une dame aimable comme un centre de rétention. Elle regarde mon dossier. Elle me dit qu’il manque un certificat de nationalité française. Je lui dis que j’étais français, la carte d’identité le prouvait. Non, elle ne prouve rien. Je suis né en France. Ça ne prouve rien. Mon père a été engagé volontaire en 1939, il a passé les cinq années de guerre comme prisonnier de guerre et au retour il a été naturalisé. Ça ne prouve rien. C’est vous qui le dites. Il faut que je le prouve. Je dis que je suis universitaire et pour passer les concours il faut être français. Ça ne prouve rien. Le ton monte, forcément. Je dis qu’en droit français, c’est à l’accusation de prouver que le prévenu est coupable et non à l’accusé de prouver que qu’il est innocent. Or, dans ce cas précis, je dis à l’employée, c’est à vous de prouver que je ne suis pas français, donc coupable d’escroquerie puisque j’ai vécu longtemps en me faisant passer pour un citoyen français avec les avantages afférents, ce n’est pas à moi de prouver que je suis français, donc innocent de cette fraude. Elle me dit s’il vous plaît arrêtez de crier, je lui dis que mon père s’est battu pour la patrie, que je suis né en France et quand les policiers de Vichy et les Allemands m’ont arrêté en 1942, j’étais déjà citoyen français et c’est pour ça qu’ils m’ont relâché, ils ne m’ont pas demandé un certificat de nationalité française. Elle va voir son chef de service qui me demande de me calmer et je dis si on traite un prof de fac de cette manière je n’ose pas imaginer comment vous traiter un demandeur d’asile arrivé de Tchétchénie. Montrez moi l’article de loi qui vous permet d’exiger ce certificat. Je hurle, je téléphone, je prends la salle à témoin. J‘imagine la suite. Des policiers arrivent, ils me disent calmez vous, je dis je ne me calmerai pas, montrez nous vos papiers, disent-ils, je leur tends ma carte d’identité, elle est périmée, vous n’êtes pas en règle me disent-ils, ils m’emmènent dans un centre de rétention et je suis dans un avion qui vole vers Varsovie que je n’aurais jamais du quitter, me disent-ils, vous n’êtes pas citoyen français, avez-vous un visa, un permis de séjour? Je n’air rien qu’une carte d’identité périmée. Et bien vous rentrez chez vous, en Pologne, vous demanderez un permis de séjour à l’ambassade de France à Varsovie. Je ne parle pas un mot de polonais. Ce n’est pas une preuve me disent-ils. Si tous ceux qui ne parlaient pas polonais étaient automatiquement citoyens français, ça se saurait.
Je vais désormais militer pour que la France adhère à la l’Union européenne parce que ça donne aux citoyens un certain nombre de droits.
Maurice Goldring Paris 4 juin 2009.

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