Si j'avais mis une croix gammée sur la mosquée, les caméras et les micros se seraient déplacés. Des drones programmés pour filmer l'insoutenable, le scandaleux. Plus besoin de journalistes, les appareils font ça très bien tout seul. Si j'avais organisé dans ma rue occupée par des musulmans en prière le vendredi une manifestation d'habitants en colère contre les prières dans l'espace public, les enregistreurs d'images et de bruits auraient survolé la scène, sans journalistes, ils n'en ont plus besoin. Ils savent ce qu'il faut filmer. Si j'avais sué la haine, craché la peur, transpiré les préjugés…Faut-il poursuivre? Un petit groupe d'habitants de la rue Polonceau va lire le 5 avril, à la mosquée de la rue qu'ils habitent, une déclaration de paix aux musulmans qui vivent et travaillent en France. C'est un événement? Non, la programmation des appareils estime que ce n'est pas un événement. Qu'on ne se déplace pas pour ça.
Comme habitant du quartier, j'ai envie de rendre spectaculaire une voiture qui ne brûle pas, un consommateur de drogue qui s'est engagé dans un parcours de soins, un encapuchonné qui court après une dame pour lui rendre le sac qu'elle a oublié sur son banc, un musulman qui prie dans la rue, devant ma porte, pour que la France reste un pays laïque.
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