mardi 22 mars 2011

front républicain

Front républicain

Nous vivons dans des sociétés fondées sur les principes de démocratie et d’égalité des citoyens. La vie politique est scandée par des élections dont le résultat est accepté par tous. L’État est dans son principe l’État de tous les citoyens. Les membres de cette société ont des intérêts souvent divergents et les combats sont parfois rudes, mais ils sont menés depuis longtemps dans le cadre de ces principes. Quand des forces politiques ou sociales refusent ces fondamentaux, elles se placent en dehors de la République. Les partis révolutionnaires d’antan dénonçaient la démocratie parlementaire comme un leurre et préparaient l’insurrection. D’autres organisations recouraient à la lutte armée. D’autres encore revendiquaient un État qui ne protègerait qu’une partie de ses citoyens, d’autres étant considérés comme indignes de cette protection pour leur sexe, leur religion, leur origine, leur langue, la couleur de la peau. Le front républicain n’est pas chose nouvelle. Il regroupe tous ceux qui acceptent les principes de base qui permettent à la société de fonctionner sans guerre civile.
Ce front républicain a réuni les forces de la résistance à l’occupation nazie et au pouvoir pétainiste à la sortie de la Seconde guerre mondiale. Il a réuni droite parlementaire et le socialisme démocratique dans le soutien à une alliance atlantique contre la menace du bolchevisme. Il a élu Jacques Chirac contre Le Pen. Il permet aujourd’hui que se rassemblent des forces politiques opposées dans le soutien à une intervention militaire pour empêcher en Lybie le massacre des opposants à Khadafi. Ce Front républicain brouille les cartes car il empêche parfois de lire clairement les étiquettes politiques. Mais il permet de vivre ensemble, de s’affronter et de construire une société apaisée.
Aujourd’hui se placent en dehors de l’arc républicain des forces politiques qui préparent l’insurrection pour respecter des ancêtres momifiés et ceux qui rêvent et réclament un État fondé sur une impossible homogénéisation de la société. Si des partis parlementaires empruntent aux forces non-républicaines les convictions, les craintes, les stigmatisations, ils brisent l’arc républicain et introduisent dans le jeu politique des germes d’affrontements meurtriers. S’ils invitent dans leurs réunions des journalistes condamnés pour incitation à la haine raciale comme d’autres invitent Dieudonné, s’ils utilisent les arguments des partis non-républicains, comment voulez-vous qu’ils choisissent ensuite au moment où il faut choisir entre un adversaire parlementaire démocratique et un représentant des machines à diviser ? Ce faisant, ils abîment le présent et empoisonnent l’avenir. La haine et l’exclusion sont des pollutions durables. De ce point de vue, il apparaît qu’il serait imprudent de confier à Jean-François Copé ou à Nicolas Sarkozy la responsabilité de la sécurité dans nos centrales nucléaires.

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