Réunion des trois sections du 18ème arrondissement, mercredi 11 janvier 2012
Je croyais que nous allions discuter de la campagne. Naïf.
Jamais les discussions n'ont été aussi nécessaires. La crise, ses conséquences sociales, politiques, morales conduisent à la recherche de solutions simples, de colères salvatrices, de crispations identitaires. La préférence nationale, le protectionnisme menacent l'Europe.
Devant nous s'ouvrent deux voies. Pas trois. Des réponses de droite, une austérité injuste, la crainte historique et hystérique de toute réglementation du capital, des mesures d'austérité imposée brutalement, un climat de brutalité calculée pour nourrir les peurs les plus conservatrices, les tendances les plus rétrogrades. Le climat actuel, les outrances de la campagne ne sont pas liées seulement à la crainte fondée de perdre le pouvoir. Elles sont un mode de gouvernement. C'est ainsi qu'ils conçoivent la vie politique.
La gauche propose négociations, compromis, équilibre, justice. Des urgences pour assurer une paix sociale dont nous ne connaissons le prix que lorsqu'elle laisse place à la tourmente. La droite ne veut pas ou ne sait pas. La gauche sait faire et la campagne qu'elle mène préfigure un mode de gouvernement. Parler juste, refuser les hurlements claniques. Cette voie-là est plus difficile, la plus compliquée, la moins simple. Négociations, compromis, justice, équilibre, politique à long terme et refus des émotions. Ça peut marcher, ça marche, ça peut, à condition d'être dans un climat de discussion permanente sur l'horizon, sur les objectifs, sur la chasse aux injustices, aux privilèges, sur l'évaluation renouvelée de ce qu'est l'intérêt général. C'est ainsi que nos élus gouvernent les villes et les régions. C'est même ainsi que la droite gouverne en partie, parce que si les discours résumaient sa politique, il ne resterait plus dans notre pays que le face à face entre le Fouquet et les soupes populaires.
La gauche extrême ne craint pas la révolution. Ce n'est sans doute pas le temps des polémiques. Il serait utile de rappeler qu'elle votera socialiste au second tour. Ce rappel est important pour toute la campagne, parce qu'il réfute dans la décision même l'argumentaire qui répète que gauche et droite c'est la même chose. Si c'est vraiment la même chose, pourquoi voter pour la gauche? En 1981, la consigne interne des communistes était de voter Giscard contre Mitterrand. C'est ce qu'on appelait le vote révolutionnaire. Mélenchon aime qu'on le compare à Marchais. Accordons-lui que sur ce point, il sera sans doute différent.
Notre ligne suppose la réflexion et l'adhésion. Pour soutenir une équipe de foot, il faut crier des slogans et applaudir les buts. Pour gagner sur notre ligne, il nous faut des militants, pas des supporters. Il faut des idées, des confrontations, des débats, des discussions, des paroles efficaces. Où s'élabore cet argumentaire sinon dans des réunions de militants qui disposent chacun autour d'eux de cercles de confiance où leur parole est entendue? Si on ne discute pas, si la conviction ne s'installe pas solidement, ça ne marchera pas.
Mercredi soir, j'aurais bien échangé la galette des rois contre un bon débat.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire