Réunion groupex 22 juin 2013
Le dernier éteindra la lumière
Nous
discutons à nouveau de l’avenir du groupe. Il est incertain. Surtout celui du
dernier. Celui qui fermera la porte et éteindra la lumière. Les autres ont un
avenir assuré. Ceux qui resteront paieront sa nécrologie, diront quelques mots
autour de l’urne. Mais le dernier ? Qui paiera, à qui, qui dira, à qui ?
Nous
savons que les associations d’émigrés ont pour première et urgente fonction d’assurer
un enterrement correct à leurs membres. Rapatrier le cercueil si besoin est.
Organiser la cérémonie religieuse ou laïque. Les cotisations d’associations sont
des tontines pour obsèques. Groupex n’a rien prévu. Il compte sur le hasard.
Jusqu’ici, ça a marché. Ça a marché parce que nous avons recruté quelques éléments
plus jeunes qui assureront notre avenir funèbre. Mais tout finira par avoir une
fin, nous le savons. Qui paiera l’annonce au Monde du dernier? L’avant-dernier paiera plein pot, mais il
paiera. Et encore, paiera-t-il, en sachant, puisqu’il est l’avant-dernier
dernier, que personne ne sera plus là pour payer la sienne ? Faut-il
compter sur une générosité sans retour ? Un altruisme à ce point désintéressé ?
Bien entendu que non. Il faut organiser. Comment ? Organiser la mort se
passe dans l’office d’un notaire. Nous placerons une cotisation modeste destinée
à financer les frais du dernier partant. Le billet du dernier voyage. Nous dirons
au notaire à quoi est destiné ce pactole. Il agira en conséquence. Nous lui
déposerons un texte passe-partout, puisque nous ne pouvons pas prévoir qui sera
le bénéficiaire. Bien. Mais qui lui annoncera l’événement ? Comment
saura-t-il ? Il faudrait que chacun d’entre nous dépose chez un proche
dont nous espérons qu’il nous survivra qu’en cas de disparition dernière, il
faudra donc lui déposer une liste qu’il devra soigneusement cocher à mesure
que, en cas de disparition finale, équivalent de fait à la dissolution du
groupe Groupex, il devra prévenir le notaire, en espérant que le notaire aura
lui aussi survécu.
Ayant
ainsi réglé les choses importantes, nous sommes passés aux desserts, la
situation politique en France, les urgences mondiales, les stratégies urgentes.
Faut-il avoir peur du Front national ? Le pouvoir socialiste est –il à la
hauteur ? Nous disons et répétons des banalités. Nous nous mettons à peu
près d’accord sur ceci :
La
croissance continue, les progrès constants, les montées du pouvoir d’achat, c’est
terminé. La toute-puissance du monde occidental qui lui a permis d’assurer ces
avancées continues est terminée. Elle est battue en brèche par le développement
des anciennes parties du monde soumises à un pouvoir colonial ou néocolonial. Chine,
Inde, Afrique, remettent de plus en plus en cause notre domination. Les anciens
pays du bloc communiste dont l’essor était entravé par le système entrent à
leur tour dans la danse. D’autre part, le débat écologique sur l’avenir de l’humanité
ne fait que commencer. Comment ne pas transmettre aux générations futures des
bombes à retardement ?
Pour
toutes ces raisons, la montée régulière du niveau de vie va cesser. Quel est l’homme
politique qui dira dans ses discours que le bien-être en augmentation est un
objectif impossible ? Il pourra le dire, mais il sera battu aux élections.
Nous
avons ouvert une autre bouteille.
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