Comment faire de la politique aujourd’hui quand on a le cœur à gauche, formaté pour la justice sociale, les
libertés individuelles et collectives, aspirant à lutter contre le racisme et les
exclusions ?
Quand on est dans l’opposition, c’est
relativement facile. On s’oppose à une politique libérale qui considère que ce
qui est bon pour les puissants est bon pour la société toute entière. Plus les
riches sont riches et moins les pauvres seront pauvres. Plus l’accès aux
privilèges sera difficile et plus les efforts des défavorisés seront facilités.
Plus les forts seront soignés et moins les faibles seront malades. On regroupe
les exclus dans des zones barbarisées et les privilégiés dans des zones
barbelées.
Relativement facile, mais pas trop. Facile
pour l’opposition éternelle, qui renonce à gouverner. Moins facile pour une
opposition qui aspire à gouverner. Une opposition qui aspire à gouverner paiera
toujours le prix d’un discours irresponsable quand elle viendra au pouvoir.
Nous y sommes.
La clarté n’ayant pas été faite dans
l’opposition, les électeurs, les militants socialistes, pédalent dans une
semoule que le parti socialiste a épaissie depuis des années, à force de manque
de clarté et d’alliance avec n’importe qui.
Un certain nombre de militants
socialistes continuent de prendre au sérieux les discours programmatiques
d’hier et les confrontent aux réalités gouvernementales. Les ressentiments, les
colères, les frustrations font les carrières, les sondages et les popularités. Malheureusement,
ils portent plus sur les confusions d’hier que sur les choix de demain.
Est-ce une fatalité ? Sans doute.
Un régime et un fonctionnement démocratique supposent d’immenses failles entre
les programmes et leur mise en œuvre. Seuls les régimes et les partis
totalitaires mettent en œuvre de manière systématique les discours annoncés.
S’ils rencontrent des oppositions, ils connaissent les moyens de les surmonter.
L’annonce par le Chavez de droite, Jean-François Copé de six mois de
gouvernement sans débat parlementaire est un avatar de ce rêve d’une redoutable
efficacité.
En attendant ? On reconnaît un
militant socialiste à ce qu’il participe à l’administration ou au gouvernement
et s’il n’en fait pas partie, se demande en permanence si la politique de son
gouvernement est vraiment de gauche. Sur les retraites, les politiques
migratoires, les rythmes scolaires, à peu près sur tout, sauf sur le mariage
pour tous.
Qu’ils se calment. Un jour ou l’autre,
la droite reviendra au pouvoir et ils retrouveront des raisons de s’opposer.
Maurice
Goldring membre du PS (Paris Chapelle Goutte d'Or)
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