Samedi 10 août. 16
heures. Un camion de gendarmes au coin de la rue Poulet/Bd Barbès. Tout autour,
la cohue, l’impossibilité de passer, les vendeurs à la sauvette qui se rapprochent
toujours plus. On se pousse. On s’invective. On se bouscule. A la prochaine
réunion sur la Zone de sécurité prioritaire, le préfet et le procureur nous
donneront d’autres chiffres, de prostituées interdites, de nouvelles
arrestations de dealers, de marchandises confisquées, des chiffres qui sont
vrais et qui indiffèrent ceux qui ont de plus de mal à accéder au métro Château
Rouge. Un jour prochain, il y aura une vaste opération, « pour montrer nos
muscles » dira le commissaire et le lendemain tout recommencera. Un petit
orage est plus efficace que mille policiers pour libérer la chaussée.
Hier, avec la fin du
Ramadan, le nombre de mendiants avec enfants avait triplé. Ils stationnent sur
les marches du métro, et empêchent les voyageurs qui ont besoin de la rampe de
l’utiliser. Les gendarmes et les policiers veillent.
Tous les jours, les
passants font l’épreuve de l’inefficacité des forces de police, de la vacuité
des discours chiffrés, de la démoralisation des fonctionnaires –il suffit de
leur adresser la parole.
Je demande à nouveau,
poliment, la déqualification de la Goutte d'Or, qu’elle redevienne un quartier
ou les priorités ne sont plus sécuritaires. Qu’un nombre de policiers divisés
par dix passe régulièrement, tous les jours, tout le temps, en patrouilles,
pour que les vendeurs ne s’installent pas. Une fois qu’ils sont installés, c’est
trop tard.
Je le redis sans me lasser. Les tensions actuelles
sont potentiellement dangereuses pour le devenir de la Goutte d'Or. Quartier en
équilibre instable, mais où les politiques, les associations, les
administrations, maintiennent une stabilité relative. A force, le quartier
finira par devenir l’étiquette qu’on lui a imposé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire