A la suite de mon blog précédent, plus réactions ont décrit des situations insupportables. Ma première réaction :
quand une situation telle qu’elle est décrite s’installe, rien n’est plus
urgent que de trouver des solutions. Des solutions, pas des explications ou des
souhaits, des solutions. Pas facile. J’habite un immeuble rue Polonceau avec un
jardin. Petit immeuble. Il y a quelques années, des fumeurs de crack ont pris l’habitude
de venir consommer dans le jardin. Les habitants leur demandaient régulièrement de partir. Ils
partaient. En grommelant, mais ils partaient. Puis nous avons installé une
porte à claire-voie derrière laquelle ils ne pouvaient plus se cacher. Ensuite
s’est installé dans l’immeuble un trafic de drogue : un jeune dealait, les
consommateurs venaient à tout heure du jour et de la nuit. Ils tapaient sur la
porte d’entrée quand elle était fermée, essayait de la défoncer. Les habitants
ont invité le jeune dealer avec sa famille, sa mère, son grand-frère. Le marché
proposé était simple : ou bien le trafic cessait, ou nous le dénoncions à
la police. La famille s’est engagée à faire cesser le trafic et le jeune est
allé vivre ailleurs.
Ceci pas pour donner
des exemples à suivre, chaque cas est particulier. Mais quand on vit des
situations particulièrement difficiles, se réunir, parler, trouver des
solutions, peut sortir des peurs et des colères particulières. Je signale
aussi, (mais vous le savez sans doute), que l’association EGO (01 53 09 99 49) répond
aux appels d’immeubles squattés par des usagers de drogues et a aidé dans le
passé à dénouer des situations difficiles.
Ces remarques ne m’empêchent
pas de conserver un jugement politique sur le classement de la Zone de sécurité
prioritaire Goutte d'Or. D’abord, la rue des Portes Blanches ne se trouve dans
le périmètre de la Zone de sécurité prioritaire et il y a sans doute un effet
report déjà constaté dans le métro (de Château Rouge à Marcadet Poissonniers).
La solution, s’il y en a, car la drogue ne disparaîtra pas de notre horizon, ce
sont les salles de consommation. Difficile, comme le montrent les réactions des
riverains du local envisagé. Ils préfèrent que les usagers de drogues restent
rue des Portes Blanches.
Je refuse l’alternative
Zone de sécurité prioritaire ou angélisme. On me dit que je ne me rends pas
compte, que je vis dans une zone protégées, etc. Je vis ici, à la Goutte d'Or.
Mon expérience n’est pas celle de tous les habitants, mais elle en fait partie.
Je suis convaincu que des patrouilles de police régulière, des médiateurs, des
accueillants, coûtent moins cher et sont plus efficaces que le déploiement
actuel qui apparaît exactement comme ce qu’il ne faut pas faire : rassurer
les peurs au lieu d’apporter des solutions. Est-ce qu’on se rend compte qu’en
un an de Zone de sécurité prioritaire, vingt mille policiers ont été déployés
dans la Goutte d'Or. Oui, vous lisez bien, vingt mille. Un par habitant. Pour
quels résultats ? Les marchés sauvages sont plus sauvages, les trottoirs
sont devenus des parkings, les policiers sont en terre inconnue (il suffit de
leur adresser la parole pour s’en rendre compte), et toutes les réunions de
concertation avec les habitants se sont transformées en compte-rendu de mandat des
forces de police face à un bureau des plaintes. La Goutte d'Or mérite mieux que
ça.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire