lundi 12 août 2013

ZSP 12 août

A la suite de mon blog précédent, plus réactions ont décrit des situations insupportables. Ma première réaction : quand une situation telle qu’elle est décrite s’installe, rien n’est plus urgent que de trouver des solutions. Des solutions, pas des explications ou des souhaits, des solutions. Pas facile. J’habite un immeuble rue Polonceau avec un jardin. Petit immeuble. Il y a quelques années, des fumeurs de crack ont pris l’habitude de venir consommer dans le jardin. Les habitants  leur demandaient régulièrement de partir. Ils partaient. En grommelant, mais ils partaient. Puis nous avons installé une porte à claire-voie derrière laquelle ils ne pouvaient plus se cacher. Ensuite s’est installé dans l’immeuble un trafic de drogue : un jeune dealait, les consommateurs venaient à tout heure du jour et de la nuit. Ils tapaient sur la porte d’entrée quand elle était fermée, essayait de la défoncer. Les habitants ont invité le jeune dealer avec sa famille, sa mère, son grand-frère. Le marché proposé était simple : ou bien le trafic cessait, ou nous le dénoncions à la police. La famille s’est engagée à faire cesser le trafic et le jeune est allé vivre ailleurs.

Ceci pas pour donner des exemples à suivre, chaque cas est particulier. Mais quand on vit des situations particulièrement difficiles, se réunir, parler, trouver des solutions, peut sortir des peurs et des colères particulières. Je signale aussi, (mais vous le savez sans doute), que l’association EGO (01 53 09 99 49) répond aux appels d’immeubles squattés par des usagers de drogues et a aidé dans le passé à dénouer des situations difficiles.

Ces remarques ne m’empêchent pas de conserver un jugement politique sur le classement de la Zone de sécurité prioritaire Goutte d'Or. D’abord, la rue des Portes Blanches ne se trouve dans le périmètre de la Zone de sécurité prioritaire et il y a sans doute un effet report déjà constaté dans le métro (de Château Rouge à Marcadet Poissonniers). La solution, s’il y en a, car la drogue ne disparaîtra pas de notre horizon, ce sont les salles de consommation. Difficile, comme le montrent les réactions des riverains du local envisagé. Ils préfèrent que les usagers de drogues restent rue des Portes Blanches.


Je refuse l’alternative Zone de sécurité prioritaire ou angélisme. On me dit que je ne me rends pas compte, que je vis dans une zone protégées, etc. Je vis ici, à la Goutte d'Or. Mon expérience n’est pas celle de tous les habitants, mais elle en fait partie. Je suis convaincu que des patrouilles de police régulière, des médiateurs, des accueillants, coûtent moins cher et sont plus efficaces que le déploiement actuel qui apparaît exactement comme ce qu’il ne faut pas faire : rassurer les peurs au lieu d’apporter des solutions. Est-ce qu’on se rend compte qu’en un an de Zone de sécurité prioritaire, vingt mille policiers ont été déployés dans la Goutte d'Or. Oui, vous lisez bien, vingt mille. Un par habitant. Pour quels résultats ? Les marchés sauvages sont plus sauvages, les trottoirs sont devenus des parkings, les policiers sont en terre inconnue (il suffit de leur adresser la parole pour s’en rendre compte), et toutes les réunions de concertation avec les habitants se sont transformées en compte-rendu de mandat des forces de police face à un bureau des plaintes. La Goutte d'Or mérite mieux que ça. 

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