Le
chauffeur de taxi est algérien. Il en veut aux Maliens du foyer de la rue de la
Fontaine au Roi qui font frire des poissons et empestent tous les voisins. En
outre, dit-il, la plupart des chambres sont sous louées illégalement par des Africains qui passent leur temps au
pays et ne reviennent en France que pour toucher leur aide sociale. En plus,
dit-il, on a retrouvé à Tombouctou des vélibs. Que va faire un vélib à
Tombouctou ? En outre, dit-il, les Roms eux aussi volent des vélibs pour
récupérer le matériel. Et vous savez combien ça coûte de fabriquer un vélib ?
Et en plus, dit-il, ils sont fabriqués en Chine, pour trois fois rien, mais
quand on les vend sur le marché français, on matraque. Et en plus, à
Belleville, les Chinois, ils ont tout pris, les restaurants, les boutiques d’informatique
et même les prostituées. Dehors, il fait 39 degrés.
Il déteste
aussi les flics qui lui ont collé une amende et retiré trois points de son
permis parce qu’il téléphonait en conduisant. Il dit qu’en débarquant d’Algérie,
il voit une voiture de police avec trois noirs dedans. Quel effet ça peut faire
sur les touristes, hein, je vous demande, les gens qui débarquent, ils vont se
croire à Bamako ?
Première
remarque, interne. Quand on déteste tout le monde, on n’est pas raciste. On est
seulement misanthrope. Mon chauffeur de taxi déteste l’humanité.
Mes
réponses. Je réponds souvent au taxi. Je lui dis : 1. Quelle chance nous
avons, nous qui vivons en France, de vivre dans un pays qui attire les gens du
monde entier. Etant donné qu’il y a des pays riches et des pays moins riches,
rien ne peut empêcher les gens d’aller chercher ailleurs ce qu’ils n’ont pas
chez eux. Heureux ceux qui trouvent chez eux ce dont ils ont besoin. Heureux
ceux qui doivent affronter les inconvénients de mouvements de population. Ça prouve
qu’ils vivent dans la partie riche du globe.
2. Quelle
chance nous avons, nous qui vivons en France, de vivre dans un pays où la
police fait son travail.
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