mercredi 30 juillet 2014

Les enragés aiment les symboles qui tuent

Les enragés enragent de voir la propagande pro-israélienne envahir les médias, reprises par les bien-pensants. Ils enragent quand ils voient des intellectuels ou des journalistes pointer les endroits du monde où les massacres d’Arabes sont beaucoup plus importants qu’à Gaza sans provoquer d’indignation majeure. Ils répondent à cette propagande que l’indignation devant les massacres à Gaza n’est pas une question de nombre, mais une question de symbole. A Gaza, disent les enragés, on retrouve le conflit entre colonisés et colonisateurs. Ailleurs, les guerres civiles ou ethniques ou religieuses sont trop compliquées pour leur rage d’enragés. Alors qu’à Gaza, on retrouve le Vietnam, l’apartheid, la guerre d’Algérie. Ils retrouvent disent les enragés, le « symbole ».

Enfin.

Pour que leur rage s’exerce, ils ont besoin de symboles. Quand Mandela et de Klerk se serrent la main et évitent de plonger leur pays commun dans la guerre civile, il y a du respect, de la réflexion, mais pas de rage, pas de morts, pas de massacres, pas d’enterrements. Pas de symbole. Les enragés rongent leur frein.

Quand Michel Rocard réussit à obtenir un accord en Nouvelle-Calédonie et que Kanaks et Caldoches se serrent la main, il y a du respect, de la réflexion, mais pas de rage, pas de morts pas de massacres, pas d’enterrements. Pas de symbole. Les enragés rongent leur frein.

Quand David Trimble et John Hume inventent un mode de gouvernement qui permet  d’arrêter la guerre civile en Irlande du Nord, cette guerre sans fin qui ravissaient les enragés, avec son cortège de massacres et d’enterrements. Quand les massacres et les enterrements cessent, les enragés rongent leur frein.

Les enragés aiment les symboles, les entrailles fumantes, le sang qui coule, l’univers sonore où alternent les pleurs des mères et les chants de guerre.

S’ils n’aimaient pas tant les symboles fumant et ensanglantés, ils enverraient des délégations à Gaza pour demander au Hamas de cesser les activités terroristes, de reconnaitre le droit à l’existence de l’État d’Israël. Ils soutiendraient en Israël le mouvement pour la paix et la justice, pour la reconnaissance du droit des Palestiniens à un État. Ils contribueraient peut-être à l’émergence d’un Mandela en Palestine et d’un de Klerk en Israël, tous ces hommes politiques qui jusqu’ici ont été assassinés ou mis en minorité. Au lieu de pratiquer dans les rues de Paris une guerre symbolique sans danger.

Mais alors, s’il n’y avait plus d’entrailles fumantes, de sang qui coule dans les rues, de mères pleurant aux enterrements, les enragés recommenceraient à ronger leur frein.


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