mardi 22 mars 2016

squelettes dans le placard


Chaque fois, sans exception, que je parle des séquelles de la violence militaire en pays Basque dans une réunion publique, je provoque de vives réactions, voire des huées. C’est manifestement un sujet qui fâche. Pourtant, l’actualité souffle sur les braises. La découverte d’un dépôt d’explosif et l’arrestation de deux etarras, rue de la Poste, à Biarritz, a été suivie d’une manifestation contre l’arrestation et d’un silence assourdissant des élus de la ville. On ne parle pas de la violence armée sauf pour demander l’amnistie des prisonniers basques. De même, à propos du regroupement intercommunal nommé EPCI, des patriotes radicaux ont écrit : « si l’EPCI ne passe pas, nous regretterons d’avoir déposé les armes ». Un élu LR utilise le même chantage : les opposants à l’EPCI seront responsables d’une reprise de la lutte armée. Une élue socialiste déclare que l’EPCI est une étape du processus de paix, comme si nous étions en guerre. Ces déclarations ne provoquent aucune réaction. Mais quand je les cite dans une réunion publique, régulièrement, je me fais huer. Personne ne me traite de menteur ou d’affabulateur, je cite mes références. Mais il ne faut pas en parler. Pourquoi ? La violence armée et ses séquelles sont-elles des maladies honteuses ? Est-ce  j’ouvre les portes d’un placard où sont cachés des squelettes ?

Dans les quartiers et les villages du pays Basque, de Corse, d’Irlande du Nord, seules ont le droit de porter le deuil les épouses, les mères et les sœurs des « martyrs » tombés au combat. Si une épouse de gendarme, de soldat, d’un conseiller municipal assassiné, porte le deuil, ce sera considéré comme une provocation par les patriotes.

Voilà sans doute l’explication : je porte le deuil des mauvaises victimes.

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