lundi 4 avril 2016

le vote a commencé


Le vote a commencé. Contrairement aux élections familières qui ont toutes lieu le même jour et dans un seul pays, selon les règles des tragédies antiques, le vote s’étale sur trois mois. Comme si les électeurs connaissaient le résultat des votes de leurs voisins avant de voter. Non seulement le vote est ainsi étalé sur plusieurs semaines, mais il a été procédé à un vote indicatif le trimestre précédent. La plupart du temps, ce vote a lieu à main levé, il est précédé pour les conseillers qui le souhaitent d’une explication de vote. Chacun connaît les opinions de chacun, ceux qui sont engagés, ceux qui hésitent, ceux qui se taisent. La campagne se mène à coup de réunions contradictoires, de caravanes essentialistes, de publicités dans la presse locale, de conférences de presse.

Les républicains montrent qu’un territoire gouverné par l’essentialisme est ingouvernable. Que la politique, qui consiste à concilier des intérêts divergents, est ici au contraire dominée par les duels à mort. Qui est contre les ancêtres est contre moi, il doit être éliminé. Exclu. Extradé. Interdit de vote. On lui impose des règles qui ne permettront jamais de revenir sur une majorité sanctifié par les siècles. Parce qu’on ne peut pas voter contre le sacré. On ne peut pas mettre les martyrs en minorité. Imagine-t-on un référendum pour ou contre Jeanne d’Arc ? On demande aux conseillers u pays Basque de voter pour ou contre le pays Basque. Tu votes contre ta mère, tu votes contre ton père, contre tes frères, contre le lait maternel, le lait de brebis, contre le piment d’Espelette ?

Ceux qui votent contre l’entreprise d’ethnicisation  et la crispation identitaire voudraient se défendre d’une quelconque trahison à l’égard de la mère-patrie. Ils aiment leur mère, leur frères, leur langue, le fromage de brebis, ils doublent les panneaux, financent les écoles. Ça ne suffit pas. Il faut accompagner l’essence martyrisée, les générations brutalisées, les résistances et les drapeaux et les traduire par le monument suprême, le seul monument aux morts qui vaille : la frontière. Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine, vous n’aurez pas la Soule, le Labourd et la Basse Navarre. Vous avez pu franciser la côte, mais notre cœur est resté basque.
Ceux qui s’opposent à la réforme du travail, au tiers-payant, aux réformes scolaires, sont des adversaires. Ceux qui s’opposent à la patrie sont des traîtres. Ils sont menacés. Tu sais, disent les colporteurs de substantialisme, ton avenir dépend de nous, si tu ne votes avec nous, nous nous souviendrons. Et nos enfants se souviendront. Et les enfants de nos enfants. Ta carrière est fichue. Pas d’indemnité de patriotisme. Pas de délégation d’identité.

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