lundi 4 avril 2016

réserve indienne


Tu es vraiment inquiet, demandent une amie. Oui et non. L’EPCI n’est pas un état. Un état-nation. Ce n’est pas Daech, ni la Pologne, ni la Hongrie. Ni l’Egypte, ni l’Algérie, ni le Yemen, ni l’Arabie saoudite, ni la Syrie. Ni la République tchèque. Ni la Bosnie. Ni la Turquie. Ces jours-ci montent une étrange ambiance, comme une armée des somnambules qui se dirige vers l’abîme. Tranquillement. Demain, le pays Basque sera transformé en réserve indienne. Pas tout de suite. Lentement. Des écoles enseigneront les langues des ancêtres. L’inspecteur de police mènera des enquêtes avec l’aide d’un chaman. Les terres seront rendues à leurs propriétaires et les familles installeront sur les axes routiers des stands de souvenirs et de pacotilles. L’alcool coulera à flots. Les jeunes qui restent sombreront dans la drogue. Les filles partiront dans les universités de la côte. Les touristes visiteront, achèteront, parleront. Les ancêtres regretteront le temps des manifestations pour récupérer les terres ancestrales. Ils condamneront les faux Indiens qui ont oublié leur langue, leur religion, qui travaillent en ville, qui deviennent docteurs, professeurs, et pire que tout, touristes. Ils verront leurs petits-enfants porter des coiffures en plumes, recevoir un arc pour Noël et pour les plus riches, un poney qui restera dans la réserve, qu’ils viendront monter de temps en temps pendant les vacances scolaires. Les somnambules avancent, ils ne peuvent pas imaginer la transformation de leur pays en réserve indienne.

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