dimanche 19 novembre 2017

faut-il avoir peur?.


Faut-il  avoir peur ?

La peur est un sentiment irrésistible. On ne peut pas combattre la peur du noir et affirmant que la chambre obscure ne dissimule aucun monstre. On la combat en rallumant la lumière ou en laissant une veilleuse allumée.

La question est donc mal posée. La bonne question est la suivante : certaines peurs sont légitimées par des cultures, des institutions, des églises, des partis, des intellectuels. D’autres sont considérées comme illégitimes. Par exemple, la peur du noir, aucun parti politique ne la reprend à son compte. Mais la peur des Musulmans n’est pas seulement une peur spontanée. Elle est considérée comme une peur raisonnable, sensée, légitime.

Si je dessinais ou j’écrivais pour Charlie Hebdo, j’aurais peur d’être tué et j’accepterais sans plaisir mais avec reconnaissance l’attribution de gardes du corps.

L’affrontement baroque entre entre Mediapart et Charlie Hebdo porte sur la peur. Ceux-ci accusent ceux-là de ne pas avoir assez peur ou d’avoir trop peur. Edwy Plenel accuse Charlie d’avoir trop peur des Musulmans, Charlie accuse Edwy Plenel de ne pas en avoir assez peur.

Tous ont remarqué la fièvre de la polémique. Complices des islamo-fachos contre complices du front national. Les intégristes de l’Islam se frottent leurs mains ensanglantées.

Daech est en pleine déroute militaire et les monstrueuses tueries qui se réclament de son patronage sont de moins en moins le résultat de stratégie sophistiquée. L’ennemi affirmé est l’Occident mais les victimes sont de plus en plus civiles et musulmanes. Donc, raisonnablement, je devrais avoir de moins en moins peur des djihadistes. En politique, j’ai surtout peur des extrêmes, de gauche ou de droite. De Mélenchon qui se réfère au Venezuela, ou Le Pen qui admire Orban. De ceux-là, oui, j’ai peur car ils frappent à ma porte. Des islamistes tueurs, je n’ai pas peur. Je devrais ?

Contre eux, je dispose de deux armes principales. La première est la police, l’armée, les gendarmes, la justice, la vigilance ensemble. Elle me semble efficace.

La seconde est l’intégration des Musulmans dans la société française, une intégration suffisante pour qu’ils participent de cette vigilance à l’égard des tueurs, pour qu’ils les détestent autant que nous. L’arme principale de Daech est de transformer les Musulmans en étrangers hostiles dans la société où ils vivent.

Alors Charlie ? Charlie nous aide à intégrer les musulmans dans la société française. Ils aident à comprendre que dans une société laïque, on peut se moquer de la religion. Ils aident à comprendre que dans une société démocratique, la caricature n’a pas d’autre limite que la loi. Ils aident à comprendre qu’une crèche de Noel dans l’entrée d’une mairie est interdite, de même que le voile dans un établissement public. Parce qu’on peut expliquer encore et encore, mais rien ne vaut une leçon de choses : voyez-vous, chers intégristes, dans notre pays, on peut dessiner Jésus avec des couilles et Mahomet avec ses maîtresses. Et un prêtre pédophile est dénoncé autant qu’un imam et un rabbin.

Que ces libertés et ces droits vous protègent comme elles protègent les laïques, les femmes revendicatrices et les imams républicains.

Les partis et les intellectuels qui dénoncent cette intégration, ou qui estiment qu’elle est impossible, confirment la thèse centrale de Daech : la coexistence est impossible entre l’Islam et la République.






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