lundi 27 novembre 2017

un clou ne chasse pas l'autre


Un élu hésite à intervenir publiquement sur les « artisans de la paix ». Parce qu’il veut « respecter son devoir de réserve ». Voici ma réaction :



Pour moi, le fond de ta position se situe dans la formule « je veux respecter mon devoir de réserve en tant qu’élu ». Si je comprends bien, les élus qui soutiennent les artisans de la paix, maires, le CAPB et son président, les députés et les sénateurs, ont tous le droit d’agir et d’exprimer leur opinion, mais ceux qui ne sont pas d’accord « respectent leur devoir de réserve » en restant silencieux. C'est à dire que le devoir de réserve s’impose (s’auto-impose) à ceux qui ne sont pas d’accord avec la vague de soutien aux prisonniers. Ceux qui sont d’accord n’ont pas de « devoir de réserve ».

  Le résultat est connu : le Pays Basque français est un immense désert politique et culturel sur la question identitaire. Franchissons la frontière et nous arrivons dans un territoire pas moins basque que nous où se confrontent en permanence les partis, les intellectuels, les associations de prisonniers et les associations de victimes. Là-bas, on discute. Personne n’aurait l’idée de s’imposer un quelconque devoir de réserve. Ici, en France, on a une campagne puissante pour oublier les victimes de l’ETA et ne retenir du conflit que les prisonniers condamnés. Dans le silence le plus total : on ne discute pas dans les conseils municipaux, les maires vont manifester la main dans la main avec les abertzale les plus réactionnaires, la presse ne reproduit que les opinions admises. Et quand je parle, évidemment j’ai l’impression que je suis un peu seul. Mais ce n’est parce que je provoque ou que je fais la leçon. C’est parce que je suis effectivement un peu seul. Et que la seule provocation qu’on me reproche est tout simplement de parler. De dire qu’il y a danger identitaire au Pays Basque. Quand Peio Etcheverry-Ainchart déclare qu’il ne condamne pas l’incendie d’Helette, personne ne réagit. Elu EHBai, il ne brise pas son devoir de réserve en versant un peu d’essence sur la maison en flammes. Il dit clairement « je refuse de condamner ». Si n’importe quel élu de la République disait qu’il refusait de condamner un attentat islamiste, le ciel lui tomberait sur la tête. Mais Peio Etcheverry-Ainchart ne brise pas son devoir de réserve en ne condamnant pas l’incendie. Et en demandant l’amnistie pour les incendiaires. Ça fait partie du folklore de la famille basque et on ne touche pas à la famille.

  Je vais donc poursuivre mon combat, avec ton aide. Tous ceux qui partagent mon point de vue peuvent intervenir. En partageant mes chroniques auprès de leurs amis internautes. En m’envoyant des messages d’encouragement. Pour que je sois moins seul.

S’asseoir sur un seul clou est une expérience douloureuse.  Mais s’il y des centaines de clous, ça devient un confortable tapis de fakir.   

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