dimanche 4 mars 2018

dialogue difficile


Dialogue entre Max Brisson, Vincent Bru, et les artisans de la paix (ADP).



-          On vous avait dit de ne pas y aller, dit Txetx. Notre campagne ne peut réussir que si on oublie les victimes. C’est quand même simple, non ? Quand on parle de victimes, on parle des victimes « des deux côtés ». On parle des familles de prisonniers.  Et vous deux, comme des grands, vous allez vous faire photographier avec des représentants de COVITE, des marionnettes du Parti Popular. Et vous publiez la photo sur facebook. Et vous faites un communiqué de presse. Vous êtes avec nous ou contre nous ?


-          Je vous signale qu’on y est allé à votre place, dit Vincent. Vous pourrez dire désormais, si on vous cherche sur ce sujet, que Max et moi avons pris contact avec les associations de victimes, comme vous répondez chaque fois la main sur le cœur, en sachant que vous ne le ferez pas. Deuxièmement, on était obligés. Chaque fois que je vais à la Chancellerie, on me prend à part, on me dit : alors c’est pour quand cette visite au Pays Basque espagnol pour rencontrer les victimes de l’ETA ? Vous croyez que vous allez obtenir rapprochement ou amnistie de vos amis si nous ne faites pas un geste ?


-          Sans compter, dit Max, Maurice et son petit groupe.


-          Ils ne représentent rien.

-          Ils ne représentent rien, mais ils sont hargneux. Biarritz est une petite ville. Chaque fois qu’ils nous rencontrent, ou dans les réunions, les comptes rendus de mandat, ils nous interpellent : « et les victimes, vous allez les voir ? ». Alors, on a fini par ce service minimum. On ne dit rien, on publie un communiqué ou on défend fidèlement la plate-forme des artisans de  la paix. Pas un mot sur la dissolution de l’ETA, vous avez remarqué. Pas un mot sur le repentir. Pas un mot sur les manifestations à la sortie de prison pour les presos. On a rien lâché là-dessus.


-          Les gens s’en foutent. Ils vous ont vu en photo, avec les responsables de COVITE. Vous imaginez Poutine se faire photographier auprès d’anciens du Goulag ?


-          On a fait le minimum dit Vincent. Vous croyez que c’est si facile ? Quand on va à la Chancellerie ou dans les prisons, on vous emmène partout. On communique, on photographie.


-          Il fallait une photo, un communiqué de presse ?


-          Il le fallait. Vous souhaitez quoi exactement ? que Macron vienne faire un discours à Bayonne en invitant la famille de Yoyès ? c’est là que vous serez vraiment dans la merde. Vous l’avez lu son discours ? Vous en voulez encore un comme ça ? Avec cette visite, on vous fiche la paix. Les victimes ? nous leur avons parlé. Maintenant, on est tranquilles. Comme Georges Marchais, à chaque conférence de presse, on lui demandait de réclamer la libération de Pliouchtch. Il a fini par envoyer Juquin dans un meeting. Service minimum. Pas un mot, il était juste présent.


-          C’est une rupture du contrat. Pour les artisans de la paix, les seules victimes sont en prison. Si vous voulez nos voix, il fallait tenir bon.


-          Quand vous avez déployé la banderole « nous les voulons à la maison », vous nous avez prévenus ? demande Max. Non. Alors, c’est comme ça. Il faut accepter. On vous donne une communauté d’agglos, des écoles et des cours de basque, des emplois d’enseignants et de traducteurs. Et des manifestations pour vos prisonniers. Et quoi encore ? Il faut comprendre nos difficultés. Vous avez besoin de nous pour faire croire que la guerre n’est pas finie tant qu’il y aura des prisonniers. S’il n’y avait pas les élus de l’agglo, les maires, les députés, les sénateurs, tout le monde vous rirait au nez. Moi, je suis sénateur, je n’ai pas besoin de vos voix. Vincent Bru ne sera pas candidat aux prochaines municipales. Grâce à nous deux, tous les élus du Pays Basque français pourront dire deux choses : « nous sommes allés voir les victimes de l’ETA ». et « nous ne sommes jamais allés voir les victimes de l’ETA ». Ceux qui se pressent pour la mairie, François Xavier Menou, Philippe Nalpas,, Michel Veunac, ne sont pas sur la photo. Grâce à nous, ils y sont sans y être. C’est ça la politique.

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