mardi 9 avril 2019

on and off


Je me bats contre le repli identitaire, sans rien lâcher. Avec quelques amis. Je rencontre des réactions négatives, je kidnappe la discussion, ce n’est pas le sujet, ce n’est pas le lieu, ce n’est pas le moment. Quand parfois je me décourage, imaginez-vous que ça arrive, je me pose une question simple : s’il n’y avait pas eu l’activité et l’intervention du groupe « observatoire du Pays Basque » dans les trois ou quatre dernières années, le paysage politique sur la question du séparatisme eût été un désert d’idées, une acceptation résignée des pires dérives. Quand je vais à un cours d’AEK, subventionné par la ville et que je me fais mettre dehors parce que je persiste à dire « Euskadi Frances »  Guy Lafite me dit : à quoi tu t’attendais ? Comme une fille violée, je m’étais habillé trop court, c’était de ma faute. Quand Xavier Larramendy me demande où je suis né, tout le monde rigole mais personne ne conçoit la monstruosité de la question. Quand Peio Claverie d’EH Baï refuse de me serrer la main « parce qu’il ne sert pas la main à un étranger, c’est une plaisanterie.



Alors je continue et je continuerai à demander à chacun d’entre vous de se situer. D’arrêter de me dire « pas le lieu, pas l’endroit, pas le moment ».



C’est vrai que j’ai une sale habitude. Celle de considérer qu’une opinion politique qui n’est pas exprimée ne compte pas. Il m’arrive donc assez régulièrement de rendre publiques (sur le réseau), des opinions que leur porteur n’a jamais exprimées. Par exemple, Max Brisson, Vincent Bru, Jean-Pierre Massias, Guy Lafite, m’ont souvent exposé, dans des conversations privées, des opinions négatives sur les séparatistes, sur les terroristes, sur les artisans de la paix. J’ai répété leurs opinions et ils m’en ont voulu. Ils m’ont dit, ce ne sont pas des méthodes. Franchement, ils ont raison. Ce ne sont pas des bonnes manières. Mais voyez-vous, à force d’entendre dans la sphère publique les silences résignés ou les acceptations sonores des positions séparatistes, je me dis qu’il ne me reste à moi qu’une seule arme : rendre publiques les opinions contraires. Donner  une voix au silence. Je parle ici bien entendu des opinions politiques et jamais je n’ai répété des confidences intimes.



Ces agissements sont désormais connus et ils ont des conséquences contradictoires. D’une part, les quelques  personnages publics que je connais hésitent à me parler franchement, parce qu’ils savent qu’avec moi, le « off » deviendra le « on ». Ils me rencontrent, me demandent des nouvelles de la famille, se plaignent du mauvais temps et ça s’arrête là. Mais d’autre part, s’ils souhaitent qu’une de leurs opinions, sur les abertzale, sur les blanchisseurs de terreur, devienne publique, ils m’en  parlent « je compte sur toi pour ne pas le répéter », et ils savent que je le répèterai  dans la journée. Ensuite, ils m’engueulent, me disent, je ne te dirai plus jamais rien,



C’est ainsi que le monde sait que Jean-Pierre Massias, cheville ouvrière des « artisans de la paix », estimait que l’opération était blanchiment de la terreur d’ETA. Tout le monde sait désormais que Vincent Bru a estimé que sa présence à l’inauguration de la sculpture était « une belle connerie » et que Guy Lafite n’a jamais voté l’appui du conseil d’agglo à la manifestation des blanchisseurs. Nous savons aussi, grâce aux responsables de l’Observatoire du Pays Basque qui ont été reçus par ces personnalités, que Gilbert Payet, ancien préfet et  Jean-Jacques Lasserre, président du département, ont une estime modérée sur le courage des élus du Pays Basque français.



Mais surtout ne le répétez pas. Tout ça c’était en « off ».

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