dimanche 5 janvier 2020

ouate et guimauve


C’est la première fois de ma vie politique que je me trouve dans un territoire où la vie politique est scandée par  l’implacable affrontement entre ouate et guimauve. Le fracas des convictions contraires s’étouffe sur les coussins, glisse sur les capitons, les tentures frémissent, les tapis crissent. C’est la tempête.

Dans d’autres régions du monde, quand la démocratie était menacée par des coups de force, par des démagogues populistes, par des nationalismes fiévreux, j’entendais des politiques dénoncer, s’opposer, prendre position. J’entendais des intellectuels s’affronter, dénoncer les replis identitaires et défendre l’universel. Analyser les vociférations et affronter les préjugés. Discussions sur le communisme, sur les nationalismes en Irlande, choc entre postures révolutionnaires et réformismes constructeur.

Dans le Pays Basque français, trois cent mille habitants, cent cinquante-huit communes, domine une Communauté d'agglomérations du Pays Basque dirigée d’une main de laine par un lehendakari d’opérette qui organise à intervalles réguliers des défilés bariolés où l’on célèbre les terroristes condamnés, où l’on piétine leurs victimes, où l’on condamne les juges qui disent la loi, les états qui assurent notre sécurité, la police qui ose arrêter des assassins. Spectacles impossibles là où les assassins assassinaient.

Parmi les 250 conseillers, il s’en trouve quelques-uns qui n’approuvent pas, mais qui se taisent courageusement. Je n’ai rien dit. Je n’ai pas voté. J’étais aux toilettes. Mon conjoint m’a appelé sur mon portable. Je ne savais pas que c’était à  l’ordre du jour. C’était le dernier point.



Quand des élus du Pays Basque espagnol viennent s’exprimer sur cette résignation historique, protester contre le blanchiment de la terreur, ils sont traités de fachos, de complices du franquisme, d’ennemis de la paix. Les insultes que subissent les victimes et leurs familles, au Pays Basque espagnol, viennent des séparatistes purs et durs. Les mêmes insultes au Pays Basque français viennent de la gauche réformiste, de la droite juppéiste, des doux Modem et des paisibles marcheurs. En rendant public mes critiques des blanchisseurs, le responsable marcheur pour le Pays Basque m’a demandé aimablement où étaient nés mes parents. Un autre m’a traité d’extrémiste. On m’a demandé gentiment de « retourner à Paris connard ».

Vous comprenez la différence ? Si j’habitais San Sebastian, je serais insulté par Sortu et compagnie. J’habite Biarritz et je suis insulté par des gens aussi modérés que l’aimable Michel Veunac, maire de Biarritz, que le courtois Jean-René Etchegaray président UDI de la communauté d’agglo, le paisible député Modem Vincent Bru, le bienveillant LR Max Brisson, la très douce Frédérique Espagnac, sénatrice PS. Tous aveugles aux maltraitances des victimes d’ETA en Espagne, ils reprennent les discours séparatistes comme s‘ils étaient autant de chants de Noël.



Dans sa récente conférence de presse de janvier 2020, Bake Bidea affirme parler au nom de la « majorité sociale, politique et syndicale constituée ici même ». C'est à dire que Bake bidea oppose au gouvernement de Madrid la majorité du Pays Basque français. Comme modèle pour le Pays Basque espagnol. Voyons, est-ce que cette majorité en France demande aux prisonniers condamnés de demander pardon ? De renoncer aux festivités en cas de libération ? Jamais de la vie. Cette majorité demande à la société basque espagnole de se soumettre aux revendications abertzale, d’accepter le récit des terroristes, de renoncer à faire l’histoire de années de plomb.



J’avais inscrit l’Observatoire du Pays Basque à la réunion de réflexion du 2 novembre sur le processus de paix « réservée aux personnes de toutes sensibilités ». Je reçois en réponse ce courriel : « Nous n'accepterons pas votre présence… Vous êtes en permanence en train d'insulter et de diffamer ceux qui travaillent dans ce processus de paix ».





Les séparatistes n’ont pas besoin de présenter des candidats aux différentes élections. Leurs idées sont déjà au pouvoir. Ceux des Basques français qui ne les partagent pas sont déjà des exclus. Le travail est fait. Merci les Blanchisseurs.

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