C’est la première fois de ma vie
politique que je me trouve dans un territoire où la vie politique est scandée
par l’implacable affrontement entre
ouate et guimauve. Le fracas des convictions contraires s’étouffe sur les coussins,
glisse sur les capitons, les tentures frémissent, les tapis crissent. C’est la
tempête.
Dans d’autres régions du monde, quand la
démocratie était menacée par des coups de force, par des démagogues populistes,
par des nationalismes fiévreux, j’entendais des politiques dénoncer, s’opposer,
prendre position. J’entendais des intellectuels s’affronter, dénoncer les
replis identitaires et défendre l’universel. Analyser les vociférations et
affronter les préjugés. Discussions sur le communisme, sur les nationalismes en
Irlande, choc entre postures révolutionnaires et réformismes constructeur.
Dans le Pays Basque français, trois cent
mille habitants, cent cinquante-huit communes, domine une Communauté
d'agglomérations du Pays Basque dirigée d’une main de laine par un lehendakari
d’opérette qui organise à intervalles réguliers des défilés bariolés où l’on
célèbre les terroristes condamnés, où l’on piétine leurs victimes, où l’on
condamne les juges qui disent la loi, les états qui assurent notre sécurité, la
police qui ose arrêter des assassins. Spectacles impossibles là où les
assassins assassinaient.
Parmi les 250 conseillers, il s’en
trouve quelques-uns qui n’approuvent pas, mais qui se taisent courageusement. Je
n’ai rien dit. Je n’ai pas voté. J’étais aux toilettes. Mon conjoint m’a appelé
sur mon portable. Je ne savais pas que c’était à l’ordre du jour. C’était le dernier point.
Quand des élus du Pays Basque espagnol
viennent s’exprimer sur cette résignation historique, protester contre le blanchiment
de la terreur, ils sont traités de fachos, de complices du franquisme, d’ennemis
de la paix. Les insultes que subissent les victimes et leurs familles, au Pays
Basque espagnol, viennent des séparatistes purs et durs. Les mêmes insultes au Pays
Basque français viennent de la gauche réformiste, de la droite juppéiste, des
doux Modem et des paisibles marcheurs. En rendant public mes critiques des
blanchisseurs, le responsable marcheur pour le Pays Basque m’a demandé aimablement
où étaient nés mes parents. Un autre m’a traité d’extrémiste. On m’a demandé
gentiment de « retourner à Paris connard ».
Vous comprenez la différence ? Si j’habitais
San Sebastian, je serais insulté par Sortu et compagnie. J’habite Biarritz et
je suis insulté par des gens aussi modérés que l’aimable Michel Veunac, maire
de Biarritz, que le courtois Jean-René Etchegaray président UDI de la
communauté d’agglo, le paisible député Modem Vincent Bru, le bienveillant LR Max
Brisson, la très douce Frédérique Espagnac, sénatrice PS. Tous aveugles
aux maltraitances des victimes d’ETA en Espagne, ils reprennent les discours
séparatistes comme s‘ils étaient autant de chants de Noël.
Dans sa récente conférence de presse de janvier 2020, Bake Bidea
affirme parler au nom de la « majorité sociale, politique et syndicale constituée
ici même ». C'est à dire que Bake bidea oppose au gouvernement de Madrid
la majorité du Pays Basque français. Comme modèle pour le Pays Basque espagnol.
Voyons, est-ce que cette majorité en France demande aux prisonniers condamnés
de demander pardon ? De renoncer aux festivités en cas de libération ?
Jamais de la vie. Cette majorité demande à la société basque espagnole de se
soumettre aux revendications abertzale, d’accepter le récit des terroristes, de
renoncer à faire l’histoire de années de plomb.
J’avais inscrit l’Observatoire du Pays Basque à la réunion
de réflexion du 2 novembre sur le processus de paix « réservée aux
personnes de toutes sensibilités ». Je reçois en réponse ce
courriel : « Nous n'accepterons pas votre présence… Vous êtes en permanence
en train d'insulter et de diffamer ceux qui travaillent dans ce processus de
paix ».
Les séparatistes n’ont pas besoin de
présenter des candidats aux différentes élections. Leurs idées sont déjà au
pouvoir. Ceux des Basques français qui ne les partagent pas sont déjà des
exclus. Le travail est fait. Merci les Blanchisseurs.
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