dimanche 9 octobre 2011

primaires

            En France, la phrase révolutionnaire nous fait du tort car elle donne l’impression qu’il suffit de demander la lune pour qu’elle soit déjà décrochée. Plus l’on crie, plus on demande, plus on obtient. J’ai longtemps fait partie de ceux qui criaient plus fort et plus à gauche que tout le monde et à qui l’intensité des cris et la radicalité des revendications valaient brevet  d’engagement exemplaire. Dans les usines, on parlait souvent de « grèves dures » sans se poser la question de savoir pour qui ces grèves étaient dures. Les grèves des mineurs anglais sous Margaret Thatcher ont été particulièrement dures pour les mineurs : licenciements et déroute syndicale, démoralisation, divisions. Le bilan fut amer. Ce furent des grèves dures, très dures.

            Si l’on mesure l’intensité de l’engagement aux résultats obtenus, le bilan est pour le moins contrasté. La protection sociale de santé et les assurances vieillesse se sont mises en place en Allemagne en 1883, en Autriche en 1888, au Danemark en 1891, en Belgique en 1894, en Grande-Bretagne en 1942 et en France en 1945. Les femmes ont obtenu le droit de vote en Nouvelle-Zélande en 1893, en Finlande en 1901, au Canada en 1916, en Grande-Bretagne en 1918. En France en 1945. Pour qui la gauche était-elle dure ? Je ne parle pas évidemment des pays où la gauche la plus dure a pris le pouvoir…

            Cette semaine nous allons choisir. Certainement pas entre gauche dure et gauche molle. Les deux candidats ont complètement assimilé les leçons de l’histoire et les alliances municipales de Martine Aubry montrent qu’elle est complètement engagée dans le pragmatisme réformiste. Mais voilà que les électeurs lui imposent, pour gagner, de s’allier avec le héraut de la phrase révolutionnaire. Qui a une logique : il a voté non au référendum européen, il continue sa campagne en demandant la démondialisation. Nous savons tous que l’une des tâches qui attend un gouvernement de gauche dans l’éventualité d’une victoire en 2012 sera de reconstituer des règles européennes et mondiales qui seules pourront réguler le capital financier et spéculatif. Il ne s’agira pas de démondialiser, mais au contraire de mondialiser davantage le marché, la protection sociale, les règles démocratiques.

            Devinez pour qui je vote dimanche prochain. 

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