Si j'étais mort le 14 juillet 1790, j'aurais emporté dans la tombe l'image d'une foule en liesse au Champ de Mars, d'un peuple réconcilié, des privilèges qui tombent. Si j'étais mort au mois de mars 1871, j'aurais eu la poitrine gonflée de projets démocratiques, de Bastilles détruites, d'écoles en fleurs et d'assemblées inventives. Si j'étais mort en octobre 1917, mon dernier regard eût été pour le tsarisme russe en fuite, la montée du peuple révolutionnaire, les soviets partout et l'injustice nulle part. Si j'étais mort en 1949, j'aurais salué la victoire de Mao contre les impérialistes et les réactionnaires. Si j'étais mort le 31 décembre 1958, j'aurais été comblé de la fuite de Batista, du succès de l'insurrection populaire de Fidel Castro. Dans tous les cas, je serai mort le sourire aux lèvres.
Si l'on souhaite prendre un congé final extatique, il est conseillé de mourir les premiers jours de l'Apocalypse. Pour le bien des peuples, il vaut mieux que les morts soient tristes.
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