lundi 26 mars 2012

littérature à coeur

Littérature à cœur

            Enfin, un endroit où à nouveau la littérature est prise au sérieux. En Iran, le ministère de la Culture relit les grands classiques et les nouvelles traductions. Il remplace  « faire l’amour » par "discuter », sexe, par « relation amicale », il interdit les suicides des héros de roman. Pays béni comme il y en a de moins en moins. En Irlande, ne pas faire partie de la liste des auteurs interdits était infâmant. Quand il y avait de la censure et des interdits dans l’Empire soviétique, les auteurs se congratulaient : plus ils étaient censurés, plus ils étaient contents. Être envoyé dans un camp ou encore mieux, fusillé, c’était l’équivalent d’une élection à l’Académie française. Des mots qui vous envoient au peloton d’exécution pèsent lourd. Les censures sont diverses.  Par exemple, chez les communistes il valait mieux faire l’amour que discuter, alors qu’en Iran, c’est l’inverse. Mais qu’importe les ciseaux pourvu qu’on ait l’ivresse.

            La censure rend important. Qui n’a pas rêvé d’avoir son téléphone sur écoute ? Quand je faisais la révolution, on se disait, entre amis, j’entends parfois un drôle de sifflement, c’est sans doute parce que la police me surveille. C’est qu’on n’interdit pas, on ne surveille pas n’importe qui. Je connais cette jubilation. J’écrivais des articles pour la presse communiste, des reportages sur l’Union soviétique qui étaient lus et relus par des membres du Bureau politique qui décidaient ensuite de permettre une première partie et d’interdire la seconde. Certains de mes livres devaient passer le même examen. J’étais fier comme Artaban. Je me rengorgeais.

            Puis l’Union soviétique a disparu, le Parti communiste plonge, je peux dire tout ce que je veux mais plus personne ne me lit. Je vais émigrer en Iran pour qu’à nouveau, on me prenne au sérieux.

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