Dans
un entretien avec le journal El Païs,
(29 octobre 2012) Manuel Valls réitère le soutien du gouvernement français au
gouvernement espagnol dans la lutte contre le terrorisme de l’ETA. Rien de
neuf. Ce qui a provoqué une réaction
quasi universelle des politiques de la région est une phrase : il n’y aura
pas de région basque dans la prochaine loi de décentralisation. Et il ajoutait ;
« tant que l’ETA ne dépose pas les armes, nous servons inflexibles ».
Les
élus du Pays basque, nationalistes, socialistes, UMP, centristes: condamnent
l’amalgame entre l’ETA et la revendication d’une région basque. Leur colère
mérite examen.
Pendant
trente ans, un groupe armé (l’ETA) a maintenu la région basque espagnole dans
la terreur. Les élus qui n’avaient pas son agrément étaient traités
d’ « espagnolistes » et considérés comme des cibles légitimes.
Les journalistes et les intellectuels « espagnolistes » n’étaient pas
moins des cibles légitimes. Trente années de terreur et près d’un millier de
morts.
Pendant
ces trente années, les etarras ont disposé en France d’un certain capital de
sympathie. Une intendance, des lieux de refuge, certes, mais surtout une
solidarité diffuse à l’égard de terroristes considérés comme des combattants de
la liberté. On demandait le rapprochement des prisonniers, leur libération. Les
élus qui devaient appeler leurs gardes du corps pour sortir dans la rue ne
provoquaient aucune solidarité, aucune manifestation de réprobation. Les élus
français qui se promenaient librement à Bayonne, Biarritz, Anglet, Saint-Jean
de Luz, ne protestaient pas contre le climat de terreur qui régnait à trente
kilomètres de leurs mairies et de leur domicile.
En
revanche, ils sont tous vent debout contre Manuel Valls qui confond la revendication
pacifique d’une région basque et la terreur de l’ETA. Comme j’aurais aimé
entendre leur colère quand j’allais manifester aux côtés des Basques contre la
terreur et les assassinats. Quand les socialistes basques ont gouverné la
province avec le parti populaire sur la base d’un pacte anti-terroriste, je n’ai
entendu aucun élu socialiste leur apporter alors leur soutien et leur
solidarité.
Aujourd’hui,
si les élus veulent être crédibles, ils doivent se situer nettement sur toutes
les questions politiques posées au Pays basque, pas la partie qui leur convient
et qui leur permet de dormir tranquilles.
Ils
ne demandent pas à l’ETA de déposer les armes et de renoncer définitivement à
la lutte armée. Pourquoi ? Ils ne disent rien sur la revendication des
nationalistes radicaux qui veulent un Pays basque unifié comprenant les sept
provinces, dont la Navarre
et les trois provinces françaises. Pourquoi ?
La
revendication d’un département basque est-elle majoritaire ? Question
non résolue. Les élections locales et nationales ont toujours donné la minorité
à tous les partis qui revendiquent l’autonomie d’une région basque. Faut-il un
référendum ? Qui y
participera ? Les Béarnais auront-ils le droit de voter ? Les propriétaires
des résidences secondaires auront-ils le droit de voter ?
Manuel
Valls a sans doute commis une erreur en amalgamant une revendication pacifique
à l’activité terroriste de l’ETA. Erreur volontaire ou marginale ? Peu
importe. Elle pouvait permettre aux responsables politiques du Pays basque de clarifier
leur position. Ce n’est pas le cas.
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