mercredi 23 novembre 2016

aversions




Voici la chronologie de mes aversions :

Le nazisme, puis l’impérialisme américain, puis le stalinisme, le terrorisme, le populisme nationaliste, l’intégrisme, le terrorisme islamiste, la phrase révolutionnaire à gauche.

J’ai une douzaine d’amis. Ces amis sont mes amis parce qu’ils partagent mes positions. J’ai peu d’amis qui pourraient avoir une quelconque sympathie pour mes ennemis. Pratiquement pas. Même pas du tout.

J’avais quelques amis qui sympathisaient avec la phrase révolutionnaire et avec les crispations ethniques, mais la discussion s’est tendue, le ton a monté et ils ne sont plus mes amis. D’autres, que j’avais perdus de vue, sont redevenus mes amis grâce à mes prises de position radicales.

Il ne suffit pas d’avoir des aversions. Il faut aussi construire en permanence les fondations et l’architecture d’un monde souhaitable. Un monde où la lutte contre les injustices et les inégalités sera encouragée. Un monde de liberté où les intégrismes divers ne pourront pas imposer leurs frontières. J’ai beaucoup de sympathie pour les réformistes de gauche et du centre qui ont permis de construire les bases d’un tel monde contre les privilèges égoïstes et les bruyants cauchemars utopistes. Partout où ils sont au pouvoir, les sociétés se portent mieux, mais ils sont aujourd’hui à la peine.

Le monde ne se termine pas parce que ma vie se termine, mais je dois dire qu’il valait mieux être octogénaire dans les années 1980 qu’en ce début du 21ème siècle. Les dictatures s’effondraient, les sociaux-démocrates gouvernaient, les lumières d’un ciel dégagé compensaient la morosité d’un inéluctable déclin biologique. Aujourd’hui, les douleurs des articulations ne sont adoucies en rien par les évolutions politiques. Poutine, Erdogan et Trump apprécieraient la victoire de Fillon. Une internationale de la réaction se met en place qui croit qu’on combat l’intégrisme par l’intégrisme. Les femmes au foyer, la réglementation des amours, l’obligation du violeur d’épouser la violée pour éviter l’avortement. Ils remontent le temps et dans leur recherche éperdue d’une histoire nationale, Poutine demande une histoire de la Russie d’où le goulag serait absent et Fillon va demander à trois académiciens de montrer que le capitaine Dreyfus n’était pas aussi innocent que le prétendent les historiens cosmopolites.

« Écrasons l’infâme » disait Voltaire et Brecht dénonçait la renaissance de « la bête immonde ». Au travail.


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