samedi 26 novembre 2016

ça va mal


Il faut dire que tout va mal. À quoi sert de se présenter devant les électeurs si tout va bien ? Tout va mal et grâce à Trump et Fillon, tout ira mieux.

Des élus veulent armer la police municipale à Biarritz. C’est la ville de France la plus paisible. Aucune importance, il faut armer les policiers municipaux  et ces propositions ne sont pas accueillies par d’immenses éclats de rire.

La Cimade organise une réunion publique à Biarritz. Devant un public composé de militants et d’élus qui s’investissent dans l’accueil des réfugiés et des migrants, de l’estrade monte un long concert de lamentations sur le scandale de l’accueil des migrants. On ne fait pas ci, on ne fait pas ça. Et l’État est au-dessous de tout et les politiques ne font rien. Je lève la main et j’évoque les avocats rétribués sur fonds publics, les associations qui seraient impuissantes sans les subventions des villes, des régions, de l’État, les municipalités qui offrent des logements d’urgence. On me remerciera après la séance. Il faut être vachement courageux pour dire publiquement que les pouvoirs publics et les élus font des choses.

La pauvreté, les inégalités, le chômage et les déficits reculent. La droite qui a boosté le chômage, creusé les déficits, déclare que la France est un champ de ruines. Applaudissements. Dire que la France va mieux est plus scandaleux que de dénoncer au cours du repas de Noël la pédophilie d’un membre de la famille.  

La France est un pays pessimiste, l’un des plus pessimistes. Comment rendre les gens optimistes ? Tâche impossible. L’opposition dénigre tout. Ça va mal, mon dieu que ça va mal. Une partie de la gauche qui a gouverné dénigre tout. La gauche qui ne veut pas gouverner dénigre tout. Mon dieu que ça va mal, il faut une révolution. La gauche révolutionnaire a salué Chavez, ancien chef d’un pays où les gens font la queue pour manger. Elle va pleurer Fidel Castro chef d’un pays que les habitants rêvent de quitter. Elle organise la défaite de la gauche parce qu’elle imagine déjà les manifestations monstres quand la droite va abolir les réformes qu’elle a si vivement combattues.

Comment combattre le pessimisme politique ? Bonne question. En effet, à force de répéter que tout le monde pense ou dit que la France va mal, on contribue d’une certaine manière à la déploration générale, puisqu’un pays aussi pessimiste ne peut pas aller bien. C’est une espère de dépression collective et nous savons qu’il ne sert à rien de dire à une personne déprimée qu’elle devrait se reprendre en mains.

Je suggère de mettre en avant doucement, mais fermement, sans s’énerver, sans crier, ce qui va bien. Par exemple : « le Vatican va mieux depuis l’élection du Pape François » ou « la Grèce va mieux depuis l’élection de Tsipras » ou « le Portugal va mieux depuis que la gauche est au pouvoir » ou « la France va mieux depuis que les socialistes sont au pouvoir » ou « les gens sont mieux soignés et vivent plus longtemps ». Ou « les femmes sont mieux protégés contre les violences ». Ou « le nombre de tués sur les routes a diminué dans les dix dernières années ».

Chaque fois vous provoquerez des réactions hostiles, mais tenez bon. Cessons de trouver les catastrophes admirables, de s’extasier devant les inondations et les tremblements de terre. Cessons de trouver les gens plus intéressants quand ils ont un cancer ou un AVC. Quand on vous posera la question : comment allez-vous ? », Répondez « ça va beaucoup mieux ».






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