samedi 16 septembre 2017

apprendre à marcher


Vendredi 15 septembre 17. Réunion du comité de Biarritz de LREM (la république en marche). Une quinzaine de présents, dont Vincent Bru et des animateurs qui n’ont jamais été élus, qui ont été désignés par le référent 64 qui lui-même a été désigné par le national qui lui-même a été désigné par le président.

Qui a élu Emmanuel Macron président de LREM ? Personne. Qui l’a élu président de la république ? Les électeurs, le peuple, vous, moi. Entre les deux, un mouvement et une situation politique qui fait mentir la maxime de Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». LREM n’est pas né de la transformation des partis traditionnels. Ils ont sombré, ils ne se sont pas transformés. LREM s’est créé tout seul, en dehors du terreau politique. Généralement, les grands mouvements, les grands partis politiques, les grands leviers des transformations pacifiques ou brutales, se développent lentement, les historiens peuvent repérer leur naissance et leur itinéraire. Partis nationalistes, conservateurs, travaillistes, communistes, fascistes, ont une histoire. On a le temps de s’habituer, de les soutenir, de les combattre. LREM est apparu dans la vie politique il y a moins de deux ans, le temps de tout conquérir, la présidence, l’assemblée nationale, le temps d’écrémer les partis qui du jour au lendemain, ont pris des rides et des cheveux blancs. Ceux qui s’intéressent à la vie politique, qui militent, qui discutent, sont effarés. Tout ça va trop vite. Le succès de Mélenchon et de la France insoumise est pour une part dû à ce qu’il a su ramasser les pièces éparpillées d’une histoire ancienne, reconstruire un musée familier, où les mots d’ordre, les actions, les colères, fabriquent le seul univers connu dans un monde disloqué. Pendant mon périple aux États-Unis, nous allions visiter de surprenants musées où étaient rassemblés des meubles, des instruments de cuisine, des radios et des dentelles des années 1930. Les visiteurs se pressaient parce qu’ils voulaient savoir comment grand-mère faisait des confitures. Il en va ainsi de la France Insoumise, aussi populaire que les grottes du Larzac. Ils ont même réussi à reconstituer à partir de quelques ossements, l’Union soviétique des années de guerre froide qui s’appelle aujourd’hui le Venezuela.  

La rapidité est source de fragilité. Les militants expérimentés sont souvent conservateurs, mais ils assurent une certaine solidité, une certaine stabilité aux entreprises nouvelles. À cette vitesse-là, peut-on construire un mouvement s’appuyant sur des convictions, des engagements, des réflexions ? Je m’inquiète. Le mouvement créé par Emmanuel Macron doit se muscler, former des militants,  devenir une université de l’avenir où se mêlent formation et recherche. Je ne suis pas inquiet pour les députés nouveaux. Plongés dans l’eau, ils apprendront à nager. Je m’inquiète pour l’avenir de LREM qui est encore une grande bâtisse brinquebalante. Sans fondation, sans cave ni grenier. Ce n’est pas un hasard si dans les Pyrénées Atlantiques, le nouveau parti a été incapable de présenter des candidats pour les élections sénatoriales. Pour les législatives, les candidats ont été imposés d’en haut. Comme il n’y a pas eu de directives pour les sénatoriales, les militants du 64 n’ont pas su présenter un candidat.

         Travaux pratiques. Dans la réunion du 15 septembre, j’ai proposé ce que mes lecteurs connaissent déjà, une discussion sur la dérive identitaire au Pays Basque. Notamment la participation sans aucun esprit critique à l’entreprise de blanchiment de la terreur initié par des négociations entre des abertzale modérés et ce qui reste de l’ETA. Vincent Bru  a participé à ces agapes insultantes pour les victimes, avec les anciens députés socialistes. Je suis préoccupé de ces dérives qui s’ajoutant à un ralliement béat à une organisation identitaire du Pays Basque (la nouvelle communauté) risque de conduire à la prise du pouvoir local des nationalistes, comme cela s’est passé en Corse et en Irlande du Nord. Sur les trois cent mille  personnes qui habitent le Pays Basque, je connais au moins une dizaine de personnes qui partagent mes inquiétudes. Je travaille patiemment à doubler ce chiffre.

         La réaction à ma proposition confirme mes craintes sur le mouvement naissant. La réunion a pour but de mobiliser les marcheurs pour défendre les ordonnances. Bien. C'’est utile et nécessaire. Mais sur le Pays Basque ? C’est une question locale, donc il ne faut pas discuter. On ne discute que de questions nationales. Puis, est-ce que ça intéresse quelqu’un ? Puis, pourquoi en discuter à Biarritz seulement, puisque la question se pose à l’échelle du Pays Basque ? On me demande quel est mon objectif. Les réponses à ma proposition sont multiples, hésitantes, contradictoires. Mon objectif ? Il est tout simple : que le député qui me représente, participe au printemps prochain, avec une délégation du Pays Basque, à l’inauguration d’un monument aux victimes du terrorisme à Vittoria. Et qu’il fausse connaître rapidement sa participation, afin d’éviter l’accusation d’un ralliement aux thèses indépendantistes.

         Mais voilà, il n’y a pas sur ce sujet de directives nationales. Les responsables doivent décider tout seul. Ils sont donc un peu perdus. Donc ils vont discuter. Je vous tiendrai au courant.

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