lundi 28 janvier 2019

lutter contre la violence


Pour éviter de réfléchir, il vaut mieux oublier hier et ne pas penser à demain. Comme les nouvelles nous arrivent chaque jour, (un journal est un quotidien), les efforts pour assimiler la vague des informations risquent de mobiliser tous nos neurones.



La discussion sur les violences policières est soumise à cette pression. Le manifestant est blessé à l’œil, répondez monsieur le ministre. Aujourd’hui, tout de suite.



Pour introduire de la politique dans l’émotion, voici quelques idées.



Dans les pays démocratiques, (où se tiennent des élections régulières, où le droit de manifester et de donner une opinion est gravé dans le marbre de la constitution…), de manière récurrente des hommes et des femmes utilisent des moyens illégaux pour défendre leurs revendications. Ces moyens illégaux vont des émeutes urbaines jusqu’au recours à la lutte armée.



Alors fleurissent les explications les plus ahurissantes sur la légitimation de ces actes. Les transgressifs et leurs soutiens se reportent à des régimes sans droits, sans libertés individuelles et collectives pour justifier leurs actions. Ainsi le peuple se soulève comme les révoltés américains contre une occupation étrangère, comme les foules révolutionnaires contre une monarchie absolue, comme les colonisés contre le colonialisme.



Comment faire accepter des actions illégales ? En poussant l’état légitime à recourir à des actions illégales. Il faut taper, taper encore, piller, tuer éventuellement,  jusqu’à ce que l’état démocratique renonce à ses principes et se mette à ressembler à la caricature qu’en dessine les insurgés.



Les républicains irlandais légitimaient leurs actions en affirmant que rien n’avait changé depuis l’indépendance. Les colonialistes  britanniques occupaient une partie de l’Irlande, la guerre de libération devait continuer. Les guérilléros basques affirmaient que rien n’avait changé depuis la chute du franquisme. Action directe et Fraction armée Rouge tuaient et kidnappaient parce qu’il n’y avait aucune différence entre la dictature du capital et les dictatures fascistes.



Un état non démocratique ne s’embarrasse pas de principes pour lutter contre cette forme de terrorisme. Un état démocratique est plus démuni. Il doit respecter les lois, la justice, ne  pas enfermer sans jugement. Contre ces formes d’action, la tentation est grande de recourir à des modes de répression qui paraissent plus efficaces. Tous ces états, français, britanniques, espagnols, ont été ainsi tentés :   tribunaux d’exception et tortures en Irlande du Nord, recours à des éliminations sans procès, le GAL  et les tortures en Espagne…



Il faut alors affirmer un principe qui ne souffre pas d’exception. Si l’état renonce au droit et à la justice, s’il tend à ressembler au miroir que lui tendent les insurgés, les insurgés ont gagné. Chaque violation des droits donne raison à ceux qui la violent. Le massacre de Bloody Sunday, les tortures dans les prisons, le GAL, ont prolongé la terreur armée. Dans la lutte contre les soulèvements factieux, la seule arme efficace est la justice, la seule politique efficace est la démocratie.



Si des brutalités policières sont avérées, si l’emploi de certaines armes doit être revu, que les enquêtes de justice se mènent. C’est la condition pour que les cris d’état policier, à bas la répression résonnent aussi creux que le cri de la mouette.



Quant à ceux qui continuent à crier ainsi malgré les enquêtes de justice, il n’est pas inutile de rappeler que leur condamnation de la violence est limitée. Ils oublient les pillages des magasins, les ruines des petits commerçants, la dizaine de morts sur les ronds-points, les policiers blessés, les voitures incendiées.  Eux et leurs soutiens veulent nous faire croire à des émeutes paysannes, au banditisme social. Ils veulent nous faire croire qu’ils sont Robin des Bois, Cartouche, qu’ils ont pris la Bastille. Les résultats immédiats ont surtout précipité les faillites de petites entreprises et le licenciement de leurs salariés.



Il faut pourtant admettre que le résultat de leurs actions n’est pas nul. Une augmentation du SMIC de cent euros, de la vitesse automobile de dix kilomètres et un grand débat national sur la politique du gouvernement Macron qui renforce une audience qui s’affaiblissait. Malgré les efforts hebdomadaires et les discours répétées des révolutionnaires bondissants, le régime a bien résisté et s’en sort par le haut.








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