mardi 17 octobre 2017

moi aussi


Les séquelles de l’affaire Harvey Weinstein sont plus porteuses d’avenir que d’autres scandales célèbres. Le débat ne fait que commencer. Des organisations féministes se félicitent de son ampleur. D’autres commentateurs craignent un climat de délation.

Pour éviter ces débordements, ce que certains appellent un lynchage médiatique, la solution apparaît lumineuse. Que les agresseurs, les harceleurs, se dénoncent, ils éviteront ainsi à leurs victimes le douloureux chemin de la dénonciation, de la recherche de la preuve, des procédures sans fin.

Dans le cas des violences faites aux femmes, on entend les femmes raconter, au prix de quel douloureux effort, leurs souffrances. Les hommes qui ont infligé ces souffrances réagissent de deux manières, ou bien ils nient, ou ils se taisent. Personne ne se déclare comme harceleur ou agresseur sexuel.

J’ai écrit un livre sur le sujet où j’ai raconté ma vie d’universitaire qui a harcelé et tourmenté des femmes, des collègues, des étudiantes. J’ai raconté ces scènes. J’ai raconté comment dans les universités, tout le monde savait tout le monde se taisait. J’ai raconté les lieux que je connaissais et où tout le monde savait, les partis politiques, les municipalités, les journaux. Quand je racontais ces scènes dans les dîners en ville, on me demandait : comment tu sais ? Je répondais parce que j’ai participé à la piraterie.

La colère des femmes est à la mesure du silence des hommes. Ils doivent parler. À tous les hommes qui dénoncent le climat de délation, qui protestent contre le risque d’atmosphère délétère dans les entreprises, les universités, les plateaux, les couloirs, à tous qui savent et qui n’ont rien dit, à tous ceux qui ont fait et qui n’ont rien dit, je demande de raconter, de dire la vérité, condition de la réconciliation.  Racontez. Dites « harceleurmoiaussi » sur les réseaux sociaux. Vous pourrez ainsi contribuer à des relations pacifiées entre hommes et femmes.



Maurice Goldring, auteur de la révolution, le sexe et moi, éditions le bord de l’eau.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire