vendredi 6 octobre 2017

quinquennat


Réfléchissons dit le miroir. Il me reste, dit-il, à tout casser, cinq ou six années possibles. Cinq à six années, c’est considérable. La première guerre mondiale a duré cinq ans, la seconde cinq ans. En cinq ans, le monde a été bouleversé. De zéro à cinq ans, je suis passé du statut d’un nouveau-né animal à un enfant déchiffrant des livres et récitant des comptines. En cinq ans, la présidence de François Hollande s’est engloutie dans les mots et les  images.

Mais tous ces événements ont mobilisé des moyens considérables. Des armées et des armes. Des uniformes, des hôpitaux, des camps. Des réseaux, des partis, des intellectuels et des infirmières. Je suis là à cinq ans du dernier quinquennat, je veux dire à cinq ans du moment où le je présenterai à l’entrée de l’hôpital de Bayonne pour faire une déclaration courte devant la presse : « j’ai décidé de ne pas me représenter, j’ai décidé d’arrêter ». De toute manière, la loi limite le renouvellement. On me demandera et que comptez-vous faire désormais ? Je répondrai rien. Mon octogénat est terminé et je ne me représente plus. Ce n’est pas l’envie qui me manque, Sachant ce que j’ai appris, si je recommençais un octogénat, les erreurs seraient corrigées, je saurais choisir le bon chemin. Bon, tant pis, la loi l’interdit.

Il me reste un quinquennat. Certes sans réseaux, sans moyens, sans local, sans armées, sans capital. Je dispose d’un livret de dix mille euros, d’une retraite régulière et qui, même amputée d’une CSG renforcée, restera confortable. Je dispose d’un logement et d’une relation solide que beaucoup m’envient. Quelques amis, la famille, les enfants, les petits-enfants. Je dispose d’un ordinateur et d’un vocabulaire utile. Quand je parle, on m’écoute. Quand je me tais, on s’inquiète. Plus de trois cents amis suivent les textes que j’écris sur facebook. Tous les deux ans je publie un livre ou un article.

Sur la politique, qui m’a toujours passionné, il me reste comme pouvoir un droit de vote et une intervention régulière dans des lieux de discussion qui rassemblent entre vingt et trente personnes. Pas d’ambition de carrière, pas de réseaux.

Sur un seul point, dans un seul domaine, il me reste un soupçon d’influence : la résistance à la dérive identitaire du Pays Basque dont je suis devenu habitant et citoyen. Partout où j’interviens on m’écoute avec intérêt et je sens des graines de réflexion qui parviennent à germer sur le terrain stérile du nationalisme. C’est donc à ce sujet que je vais consacrer le quinquennat qui me reste.

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