lundi 18 décembre 2017

jamais deux sans trois


Mon ambition est de me faire exclure trois fois. D’être inscrit dans le livre des records de Guinness comme le seul militant politique qui a été exclu trois fois. Une fois par le PCF, une autre fois par le PS et la dernière fois par la République en marche.

J’ai annoncé ma participation à une manifestation contre les nouvelles règles prévues par le ministre de l’intérieur contre les migrants sans papier. J’avais déjà annoncé que je prendrai la parole dans une réunion des artisans de la paix qui organisent une campagne en faveur des prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée et que j’interviendrai comme membre de la République en marche. Je n’ai eu en retour qu’une invitation à une réunion avec les responsables du 64 et une discussion franche et cordiale. J’ai tout de suite senti que l’accès à une troisième exclusion serait compliqué.

La réponse à mon courriel sur la manifestation de Bayonne est plus prometteur. Comme un chien de chasse sent l’odeur du gibier, je frémis de sentir le parfum d’une nouvelle dissidence. Je relis le courriel du référent République en marche 64 qui me dit « vous n’avez pas le droit ». Les premiers mots d’une mise à mort, les premiers mots d’une troisième exclusion. Je tourne ma réponse dans ma tête. Imaginez le cabinet de l’Élysée envoyant une lettre à Emmanuel Macron disant qu’il n’avait pas le droit de lancer un nouveau mouvement, que seul Valls ou Hollande peuvent engager la parole de la République. « Vous n’avez pas le droit ». Et bien si Emmanuel Macron avait obéi, François Fillon serait à l’Élysée.

Plus la discipline est sévère, plus le parti est homogène, plus le fonctionnement est dictatorial, plus il est facile d’être exclu. Pour être exclu du PCF, il suffisait de dire un mot de travers sur un dirigeant, même en cachette, ou d’écrire un article dans la presse bourgeoise. Ou de soupirer quand un écrivain était fusillé. Ce fut plus difficile d’être exclu du PS. D’une part, parce que j’ai adhéré dans une phase déclinante et les brouilles internes étaient si nombreuses que chacun voulait exclure l’autre et du coup, personne n’était plus exclu. J’ai profité d’une situation locale un peu marginale. Les élus socialistes du Pays Basque s’étaient rangés du côté des patriotes identitaires dans le souci légitime par ailleurs de récolter quelques voix supplémentaires. J’ai dénoncé cette dérive, j’ai écrit sur la toile qu’ils étaient complices des prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée  et une procédure d’exclusion s’est mise en marche, péniblement, car entre temps, les élus que je critiquais ont été battus aux élections et il ne restait plus grand monde pour exclure les militants qui restaient. Malgré ces difficultés, j’ai réussi à être placé sur liste d’attente.

La difficulté avec la République en marche est qu’il n’y a pas d’adhésion, pas de cotisation, donc pas d’exclusion. Vous cliquez pour adhérer, comment fait-on pour désadhérer ? Entrer dans la République en marche, c’est comme subir un baptême. Une fois baptisé, impossible de se débaptiser. Demandez à ceux qui ont essayé. On peut divorcer, on peut tout dénoncer, déchirer tous les contrats, mais vous resterez toute votre vie baptisé. Le curé ne peut vous rayer de la liste des baptisés de sa paroisse qu’après un jugement du tribunal ecclésiastique de Rome qui met des années à statuer. La plupart des catholiques qui ont entrepris ce qu’on pourrait appeler un véritable chemin de croix si l’expression n’était pas déposée sont morts avant d’avoir obtenu satisfaction et ont donc reçu les sacrements avant de mourir.

Je vais donc manifester à Bayonne, mais sans grande illusion.

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