vendredi 29 décembre 2017

Zorro


Zorro est mon héros. Je me retrouve dans une soirée. On se dit bonjour comment allez-vous, on échange des informations sur les amis et la famille. La boisson aide à abréger le temps qui passe.



        Près de moi s’assoit un homme plus jeune. Il regarde les femmes et me dit, toutes des putes. Je me suis marié deux fois, dit-il, et maintenant, je suis rincé. Elles m’ont ruiné, dit-il, ces putes, avec les pensions qu’elles réclament.



        Au début, je m’avance doucement et masqué. Je lui dis, je me suis marié une fois, errare humanum est mais perseverare diabolicum. Comment peut-on se marier deux fois ? Il me dit parce qu’une épouse, ça revient moins cher qu’une pute. Mais quand on divorce, évidemment, une épouse ça coûte plus cher qu’une pute. Je lui dis, si vous considérez les femmes comme des putes, quand vous divorcez, il ne faut pas vous étonner qu’elles se conduisent comme des putes, c'est à dire qu’elles retirent d’une relation tarifée le meilleur profit possible. Il me dit quand même je suis ruiné. Je lui dis, à écouter votre opinion des femmes, le jugement que vous portez sur les femmes, je trouve, personnellement, lui dis-je, moi personnellement, qu’aucune pension aussi élevée soit-elle ne pourra compenser le mépris que vous leur portez. Je vous écoute et si je ne réagis pas, je deviens complice. Donc, je vous dis franchement, la manière dont vous parlez des femmes est insupportable et si vous me donnez le nom de vos ex-épouses, je veux bien prendre contact avec elles et me porter témoin en leur faveur, pour qu’elles demandent beaucoup plus que ce qu’elles demandent. Parce que je sais, j’ai appris, j’ai compris, qu’en règle générale, les femmes qui sont traitées ainsi par des maris odieux ne demandent jamais assez. Il a dû comprendre alors que je n’étais pas de son côté.



        C’est assez simple de parler, de dire quelques mots qui protègent des vents mauvais. Je me rappelle cette très jeune fille dans le métro qui était harcelée par deux jeunes connards. Menaçant, injurieux, les mains toutes proches. Elle était affolée. Je me suis approché et j’ai dit bonjour cousine, quelle surprise ! Comment vas-tu ? Tu descends à la prochaine ? Moi aussi. Un sourire qui valait mille mercis. Facile, non. J’étais protégé par mon âge, par ma canne, mes cheveux blancs. Les deux connards se sont éloignés. L’âge n’a pas que des inconvénients.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire