dimanche 10 mai 2009

La réunion sur « violence et politique » s’est tenue dans le local de la rue Cavé avec huit participants. Maurice Goldring a introduit la discussion. Réponse de Jean-Pierre Viguié, puis discussion générale.

Il semble qu’il y ait une « montée » de violences sociales et politique. Par violence politique, on entend des violences qui sont socialement et politiquement « acceptées » par une partie de l’opinion. Séquestrations de patrons ou de cadres, blocages de ports ou de facultés. Ces actions provoquent une certaine sympathie et si on ne les justifie pas, on les légitime par les colères, les frustrations devant un pouvoir arrogant et qui refuse de négocier.

On dit aussi que ces actions sont efficaces et obtiennent des résultats. Les négociations s’ouvrent, les indemnités augmentent.

Pour le PS, ces actions posent des questions politiques et il ne suffit pas de les « comprendre ». Question politique sur le fonctionnement de la société dans son ensemble. Si les négociations par coups de force ou par l’émeute se généralisent, c’est la société toute entière qui se trouve affectée. Autre question politique : la démocratie. La radicalité des actions compense un soutien manquant. Bloquer une université en refusant de soumettre ces blocages à élection est un bon exemple de minorité agissante, pas un bon exemple de démocratie.

Les discussions sur cette violence font resurgir les vieux clivages entre réformes et révolution. Le discours des néo-communistes d’aujourd’hui n’a pas bougé. Il faut renverser le capitalisme. La bourgeoisie ne se laissera pas faire. Il faudra une violence populaire pour imposer les changements. Toutes les luttes sociales visent à préparer cet affrontement considéré comme la reine des batailles populaires.

Nos sociétés développées sont désormais profondément réformistes et rejettent les coups de force, la violence, les révolutions. C’est justement parce que les sociétés sont réformistes et attachées à la démocratie, aux négociations, aux compromis, que les violences sont spectaculaires.

Comment le PS pourrait réagir ? Certainement pas en reprenant la ligne des néo-communistes comme dans le texte d’appel commun à la manif du 1 mai. Dans ce texte signé avec le NPA, le PC, on lit que le pouvoir « criminalise l’action sociale et collective » et instrumentalise les séquestrations de patrons « que soutient une majorité de la population ». Cette orientation est suicidaire. Le PS doit affirmer les principes du socialisme démocratique. La violence réelle ou symbolique est intégrée par la droite au pouvoir : la gauche est capable de colères destructrices mais on ne peut pas lui faire confiance pour gouverner. Partout où cette violence réelle ou symbolique s’est développée, la majorité donne le pouvoir à la droite pour « rétablir l’ordre ». Les élections de juin 1968 ont été un désastre pour le un parti socialiste qui avait soutenu sans critique le mouvement étudiant. La gauche recule en Grèce. Le réformisme démocratique affirme au contraire que le peuple, la majorité, les salariés, sont capables d’accéder aux plus hautes fonctions politiques et qu’ils prouvent cette capacité, y compris dans l’opposition, par sa contribution à une issue pacifique et démocratique de conflits. Le récent mouvement aux Antilles est éloquent. Le mouvement était à la frontière d’une violence incontrôlable et s’il y avait eu destruction des biens et des personnes, on imagine les masses de justifications orales ou imprimées. Le mouvement n’a pas plongé dans l’abîme, en partie grâce à l’action de nos camarades socialistes qu’on n’a guère soutenus dans l’hexagone. La lutte contre la violence passe par un soutien politique quotidien, insistant, des représentants démocratiques, syndicaux et politiques, et en refusant toute légitimité politique aux adeptes des coups de force minoritaires.

Jean-Pierre Viguié récuse la distinction entre un courant du PS qui refuserait les responsabilités gouvernementales par un soutien aux violences sociales. Il est membre du PS, donc réformiste. Mais il ne faut pas amalgamer toutes les violences. La violence de salariés dans une entreprise n’a rien à voir avec le terrorisme basque ou corse. Les cas de violence sociale sont d’abord le résultat de l’arrivée au pouvoir d’une droite dure qui refuse toute négociation. Les salariés ont l’impression de ne pas être entendus et que la seule manière de contester la politique du pouvoir est de recourir à des actions qui seront vues et entendues par leur caractère spectaculaire. Les séquestrations, les blocages, des pécheurs ou des routiers, sont donc illégales, mais pas illégitimes.

La discussion générale a suivi ces lignes générales. Pour les uns, les actions minoritaires peuvent être légitimes. Comment réagir à la violence d’état comment dire on n’est pas d’accord si le pouvoir refuse d’entendre. Il faut donc partir de la violence de la politique sarkozienne pour expliquer et comprendre les violences populaires. S’il n’y a pas de dialogue social, les situations conflictuelles se multiplieront. Pour les autres, le soutien indifférenciée à toutes les formes de contestation n’est pas une préparation à l’alternance. Ce soutien indifférencié sépare le pays qui vote et le pays qui lutte alors que le rôle du PS doit être précisément de réconcilier le pays qui vote et le pays qui lutte.

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