vendredi 1 mai 2009

rien n'est réglé


Après la réunion Chapelle Goutte d’Or du mercredi 4 mars 2009

Rien n’est réglé


Ce que dit la crise c’est que le capitalisme doit être régulé dans son fonctionnement national et mondial. L’état et les institutions mondiales doivent intervenir dans sa régulation et dans la répartition des richesses produites. Cette régulation n’est pas la révolution, elle est social-démocratie. On ne peut pas compter sur la droite pour appliquer un programme social-démocrate. On ne peut pas imaginer Bush mettant en œuvre le programme d’Obama. Sarkozy, structurellement culturellement, est incapable d’envisager un instant qu’on puisse construire des logements sociaux dans l’île de la Jatte. On n’imagine non plus Besancenot, Buffet, Mélanchon, en charge d’une régulation internationale du capitalisme. Pour mettre en œuvre un programme social-démocrate, il faut des sociaux-démocrates.
Le PS n’est pas prêt à prendre ces responsabilités-là. Le PS, ça veut dire ses responsables nationaux et ses membres. Ça veut dire nous. Regardons-nous fonctionner: les discussions se passionnent pour le local et pour la dénonciation. Pour les propositions, pour les prises de responsabilité au niveau de l’état, le silence est à la fois poli et épais. Posez des questions simples. Faut-il se féliciter ou faut-il déplorer que des socialistes dirigent le FMI et l’OMC? Pas de réponse. Faut-il envoyer ou retirer les soldats français de l’Afghanistan? Faut-il souhaiter ou déplorer qu’un nouveau référendum en Irlande permette de mettre en œuvre le traité de Lisbonne? Pas de réponse. Qui ne dit rien n’est pas prêt à gouverner.
Rien n’est réglé au PS. Dans cette assemblée de CGO, qui portait sur les élections européennes, le manifeste électoral était présenté comme une preuve d’unité des socialistes. Mais certains le présentaient comme un soutien à la construction européenne, d’autres comme appuyant la construction d’une Europe sociale. Les anciens non et les anciens oui disaient sans le dire qu’ils avaient eu raison et que le texte leur donnait raison.
On a évité de choisir au nom de l’unité, ce fut la synthèse. La formule pour éviter les choix fut ensuite « mettons-nous au travail. » Aujourd’hui, l’outil d’une synthèse molle est le manifeste européen. Il permet de transposer à l’échelle européenne les querelles nationales. L’ennemi c’est Barroso, le Sarkozy européen. Sont ainsi enfouies au plus profond les idées qui dérangent: Notamment que la construction européenne fut le produit de l’alliance entre une partie de la droite et de la social-démocratie, que la campagne sur le projet de traité vit s’affronter les extrêmes gauches et le réformisme, la droite nationaliste et la droite européenne. On crie, on hurle, on saute sur son siège: il faut une réponse européenne à la crise. Mais pour qu’il y massivement, collectivement, politiquement, une réponse européenne à la crise, il faut des outils à cette échelle. Sans outil, même imparfait, les réponses seront nationales, protectionnistes, catastrophiques, d’abord pour les plus pauvres. Ceux qui réclament une « Europe sociale » sans les moyens politiques de la mettre en œuvre sont des marchands d’illusion. Le contre-plan socialiste de la crise est crédible en France parce qu’il y a un état qui pourra le mettre en œuvre. Qui peut croire aujourd’hui qu’une autorité équivalente existe à l’échelle de l’union? Et ceux qui ont saboté, freiné, empêché la construction d’un tel outil sont contents: la campagne socialiste portera sur une « Europe sociale » et dénoncera Barroso. Fondamentalement, cette orientation signifie qu’on s’agite dans la cour de maternelle avec Besancenot, Buffet et Mélanchon, on ne joue pas dans la cour des grands. Trop difficile. Trop dangereux.
Ce qui nous manque, ce n’est pas l’unité, ce n’est pas la stratégie, ce qui nous manque, c’est le choix. Que Ségolène Royal puisse déclarer que nous sommes à la veille d’une révolution, que nous sommes en 1789, sans que personne ne réagisse au plus haut niveau et c’est toute notre pensée, tout notre travail qui est détruit par une seule phrase. On évite ainsi de soutenir les élus socialistes antillais qui luttent pour la satisfaction des revendications et contre les pratiques et les discours de guerre civile. Le champ est libre pour les anticapitalistes nouveaux et anciens. Soit on les laisse parler sans réponse, soit on pratique la la surenchère, en annonçant la révolution.
Pour éviter le choix, pour ne pas l’affronter, il suffit de poursuivre les piétinements, les incantations, les petits arrangements entre amis. Est-ce « réunifier le parti » que de rassembler les tendances contradictoires et gouverner ensemble? Est-ce « réunifier le parti » que de confier la campagne des européennes à des adversaires et à des partisans du traité de Lisbonne? Un parti réunifié c’est un parti divisé entre une majorité claire qui aspire à gouverner et une minorité qui aspire à rester dans lune opposition confortable. C’est un parti qui intervient à chaud au nom d’une stratégie bien identifiée. Tant que le PS ne choisira pas, il ne gouvernera pas.

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