Le scandale, dans le cas le plus récent de viol suivi d'assassinat, n'est pas la récidive, ou le viol, ou le meurtre. Une jeune fille violée dans les caves d'un HLM ne provoque pas de réunion d'urgence, car c'est normal: elle était en minijupe, les garçons en chaleur, pauvres, marginaux. Pas de réunion d'urgence. Le scandale, c'est que l'agression au eu lieu dans un établissement protestant, religion austère, un établissement privé, douze mille euros par an. Si ça se produit là, il n'y a plus de défense possible, ni la religion, ni l'appartenance à la bourgeoisie aisée et cultivée ne protègent.
L'émotion est ainsi enracinée dans l'ignorance persistante des réalités statistiques. Dans 74% des cas, la victime connaît l'agresseur. 67% des viols sont commis au domicile de la victime ou de l'agresseur. Le violeur est majoritairement ni étranger, ni célibataire vivant seul. Il est généralement bien intégré dans la société, marié et père de famille. 57% des personnes condamnées sont de professions médicales ou paramédicales, enseignants ou pédagogues, cadres et militaires. (source: SOS femmes accueil).
En Irlande, en Allemagne, aux États-Unis, en France, des milliers de viols ont été perpétrés par des prêtres sur des jeunes garçons ou des jeunes filles. Pas de réunion d'urgence à l'Elysée pour demander que les prêtres violeurs soient regroupés dans des centres fermés et pour qu'il devienne obligatoire de communiquer à l'évêque le casier judiciaire d'un nouveau curé. C'est pourtant ce qui a été tranquillement et calmement décidé, sans réunion de cabinet et sans déclaration du ministre de l'intérieur (et des cultes). Désormais, les cas d'agression sexuelle ne se règlent plus à l'intérieur des institutions religieuses, mais doivent être dénoncées et punies par la loi civile. Il semble que les prêtres craignent plus la justice des hommes que les châtiments divins, car le nombre d'agressions a depuis fortement baissé.
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