Ambiguïtés
Dans
un système démocratique, les décisions politiques sont prises par des moyens
démocratiques. Des hommes qui ne reconnaissent pas la légitimité de ce système
ont recours aux armes pour atteindre leurs objectifs. Il est possible de
discuter de l’avenir avec eux. Il faut
leur dire tout simplement « Nous discuterons de l’avenir avec vous quand
vous aurez écarté la terreur comme méthode de discussion ».
Aux
journées de Corte, août 2012, se sont côtoyés des nationalistes divers et des
partis politiques républicains, socialistes et UMP notamment. Ils discutent du
statut de l’île, de la langue, de l’autonomie et de l’indépendance. Dans une
atmosphère courtoise.
Dans
le même temps se poursuivent des attentats, des règlements de compte, des bombes
et des morts. Activités criminelles qu’une partie des nationalistes qui
discutent avec les partis politiques républicains refusent de condamner.
Pour
construire la paix, il faut que les armes se taisent. Il faut que les
participants aux discussions sur l’avenir s’engagent à respecter les décisions
prises démocratiquement. Si les discussions précèdent, cet engagement, alors on
redonne de l’espace et de l’air à ceux qui pensent que certaines valeurs ne
peuvent pas être soumises au vote, qu’une minorité détentrice de ces valeurs a
le droit de court-circuiter la politique par l’emploi de la violence armée.
En
Irlande du Nord, au Pays basque, le processus de paix a pu s’engager quand les
organisations paramilitaires ont décidé d’un cessez-le-feu unilatéral, durable,
sans retour. On dépose les armes, on enlève les cagoules, on vient discuter
sans pistolet.
Ce
n’est pas encore le cas en Corse. Les manifestations pour la langue, pour la
culture, pour l’autonomie s’accompagnent d’une lugubre célébration des porteurs
de terreur. En Irlande du Nord et au Pays basque, les responsables
nationalistes ont clairement déposé les armes et ils demandent non moins
clairement aux citoyens de dénoncer à la
police toute activité criminelle. Alors que viennent faire dans cette
galère les élus de droite ou de gauche respectueux de la démocratie.
Pensent-ils qu’ils contribueront ainsi à éteindre le feu ? Non, ils lui
donnent légitimité.
Le
dilemme n’est pas entre participation ou boycott. Des élus peuvent décider de
participer à des discussions avec des nationalistes. Mais ils doivent leur dire
clairement que l’avenir ne peut pas s’élaborer avec des personnes qui n’ont pas
écarté la terreur comme moyen de discussion et de règlements des conflits. Ils
doivent leur dire clairement qu’une situation de paix est une situation où il
est du devoir de tout citoyen de dénoncer à la police celui qui pose une bombe
et qui tue. Et s’ils provoquent ainsi des réactions horrifiés, qu'ils répondent que
c’est très exactement ce que Gerry Adams demande à ses partisans en Irlande du
Nord.
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