La
salle 2 du Royal (une centaine de place ?) est pleine. Il a fallu ouvrir
une autre salle pour projeter le film. Après les deux projections, les
spectateurs se regroupent pour le débat. Personne ne part, comme souvent à la
fin d’une projection. Le film est un dessin animé, espagnol Arrugas, titre traduit en français par
« la tête en l’air ». Le sujet est la maladie d’Alzheimer. Dans une
famille classe moyenne, le père, veuf, est désormais mentalement à la dérive.
Le moment est venu de le placer en résidence.
Une
association (France Alzheimer) et les intervenants dans les structures
d’accueil sont prêts à répondre aux questions. Nombreuses. La maladie guette.
Quels en sont les symptômes ? Comment soigner ? Vaut-il mieux rester
chez soi ou placer en résidence ? Hospitalisation de jour ou de nuit. Tout
le monde connaît quelqu’un, dans la famille, ou un proche. Tout le monde est
inquiet, mais pourtant, la
France n’est pas le pays le plus mal placé pour l’accueil et
le soin des handicapés neurologiques.
Hier
et demain, il y aura des films sur l’accueil et l’accompagnement des enfants
handicapés physiques et mentaux, avec les mêmes inquiétudes et les mêmes
rassurances. Puis sur le cancer. Puis sur les accidentés de la route. Toujours
le même engouement, les mêmes questions, les mêmes inquiétudes.
Une
minorité de personnes âgées est frappée par la maladie. Avant 60 ans, un pour
cent. Après 90 ans, trente pour cent. Les femmes plus que les hommes. Comme les
hommes meurent plus jeunes, ils sont moins frappés. La bonne nouvelle, c’est
que la majorité d’entre nous mourra plutôt d’un arrêt cardiaque, d’un cancer,
d’un accident de la route et il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter
outre-mesure.
Inlassablement,
les médecins, les infirmières, les psychologues, les kinésithérapeutes, les
aides de vie, répètent qu’il faut laisser le plus d’autonomie possible aux
individus frappés, qu’il faut leur offrir des activités qui les empêchent de
s’étioler. La cuisine, l’écriture, la peinture. Risquer les sorties plutôt que d’attacher.
Faire confiance et laisser vivre. En écoutant ces conseils pertinents, on se
dit que finalement, valoriser les compétences, laisser vivre, rendre les
individus autonomes, favoriser les développements et les prises de risque,
n’est-ce pas le but de toute éducation, de
toute intervention à tous les âges de la vie ? Développer les
aptitudes, développer les activités professionnelles et citoyennes, sont des
objectifs pour tous et pour tous les âges. Quelles différences ?
Le
regard politique sur les situations de handicaps, sur les accidents
physiologiques ou sociaux c’est celui-là : la manière dont la société
traite les accidentés de la vie témoigne de la manière dont elle traite
l’ensemble de ses membres. L’avidité des attentions à leur égard témoigne
d’abord d’une inquiétude politique. Finalement, il n’y a guère que deux
orientations : ou l’on frappe sur les doigts de ceux qui s’accrochent à la
corniche ou bien on tend la main pour les rattraper.
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