mardi 21 mai 2013

alzheimer


            La salle 2 du Royal (une centaine de place ?) est pleine. Il a fallu ouvrir une autre salle pour projeter le film. Après les deux projections, les spectateurs se regroupent pour le débat. Personne ne part, comme souvent à la fin d’une projection. Le film est un dessin animé, espagnol Arrugas, titre traduit en français par « la tête en l’air ». Le sujet est la maladie d’Alzheimer. Dans une famille classe moyenne, le père, veuf, est désormais mentalement à la dérive. Le moment est venu de le placer en résidence.

            Une association (France Alzheimer) et les intervenants dans les structures d’accueil sont prêts à répondre aux questions. Nombreuses. La maladie guette. Quels en sont les symptômes ? Comment soigner ? Vaut-il mieux rester chez soi ou placer en résidence ? Hospitalisation de jour ou de nuit. Tout le monde connaît quelqu’un, dans la famille, ou un proche. Tout le monde est inquiet, mais pourtant, la France n’est pas le pays le plus mal placé pour l’accueil et le soin des handicapés neurologiques.

            Hier et demain, il y aura des films sur l’accueil et l’accompagnement des enfants handicapés physiques et mentaux, avec les mêmes inquiétudes et les mêmes rassurances. Puis sur le cancer. Puis sur les accidentés de la route. Toujours le même engouement, les mêmes questions, les mêmes inquiétudes.

            Une minorité de personnes âgées est frappée par la maladie. Avant 60 ans, un pour cent. Après 90 ans, trente pour cent. Les femmes plus que les hommes. Comme les hommes meurent plus jeunes, ils sont moins frappés. La bonne nouvelle, c’est que la majorité d’entre nous mourra plutôt d’un arrêt cardiaque, d’un cancer, d’un accident de la route et il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter outre-mesure.

            Inlassablement, les médecins, les infirmières, les psychologues, les kinésithérapeutes, les aides de vie, répètent qu’il faut laisser le plus d’autonomie possible aux individus frappés, qu’il faut leur offrir des activités qui les empêchent de s’étioler. La cuisine, l’écriture, la peinture. Risquer les sorties plutôt que d’attacher. Faire confiance et laisser vivre. En écoutant ces conseils pertinents, on se dit que finalement, valoriser les compétences, laisser vivre, rendre les individus autonomes, favoriser les développements et les prises de risque, n’est-ce pas le but de toute éducation, de  toute intervention à tous les âges de la vie ? Développer les aptitudes, développer les activités professionnelles et citoyennes, sont des objectifs pour tous et pour tous les âges. Quelles différences ?

            Le regard politique sur les situations de handicaps, sur les accidents physiologiques ou sociaux c’est celui-là : la manière dont la société traite les accidentés de la vie témoigne de la manière dont elle traite l’ensemble de ses membres. L’avidité des attentions à leur égard témoigne d’abord d’une inquiétude politique. Finalement, il n’y a guère que deux orientations : ou l’on frappe sur les doigts de ceux qui s’accrochent à la corniche ou bien on tend la main pour les rattraper. 

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