jeudi 30 mai 2013

ça va mal ça va bien


         La fille de G. ne parle plus à son frère. Comme G. ne parle plus à sa sœur. Ces querelles sont-elles héréditaires ? G. a rencontré une dame, F. avec qui il tisse sa vie en points serrés. F. ne parle plus à son frère. Entre son fils et sa fille explosent de nombreux conflits. G ne parle plus depuis longtemps à la mère de ses enfants. Mais continue de parler à ses enfants. F. n’est pas vraiment fâchée avec le père de ses enfants, mais ils ne se parlent plus non plus. Sa fille a divorcé et elle ne parle plus au père de ses petits-fils. Le fils de M. a longtemps refusé de parler à sa mère, puis il a eu un enfant et ils se sont parlé, puis il a divorcé et maintenant, ils se parlent tout le temps parce qu’il est dépression, ne travaille plus, demande de l’argent pour vivre et se loger. Son ami D. a dû aller au tribunal réclamer le droit de voir ses petits-enfants. Je pourrais continuer longtemps avec uniquement ce que je connais directement. Je ne parle pas des taiseries, des dissimulations sonores ou inaudibles. Ça pourrait nous rendre pessimistes, nous montrer la vie comme un immense champ de bataille dont tous les combattants finissent par mourir, vaincus. Or, nous vivons, nous sommes souvent contents de notre vie et de nos relations, de notre travail et de notre retraite. Enfin, d'après les sondages. Les gens se disent très majoritairement heureux dans leur travail, en famille, dans leurs relations sociales et amicales. La grande majorité dit ça.

         La société, elle, dans l’ensemble, va beaucoup mieux que les individus. Si elle allait aussi mal que les familles, les amours et toutes les embrouilles qui nous sont familières, la société serait un insondable chaos, une guerre civile permanente. Comment expliquez-vous que les gens soient contents de ce qui ne va pas, et mécontents de ce qui va ? On ne peut émettre que des hypothèses. Les sondés mentent-ils ? Ils disent qu’ils sont heureux individuellement et malheureux collectivement. Pourquoi mentent-ils ? La réponse est simple : parce qu’ils transforment leurs malheurs personnels en catastrophes sociétales. Des malheurs personnels, nous sommes ou nous sentons responsables, alors que des catastrophes collectives, tout le monde est responsable, la société, le système, tout le monde, sauf nous.

         Je ne vois qu’une issue : installer le divan du psy sur une barricade.       

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