jeudi 6 décembre 2018

angoisse


Inquiétude, angoisse. L’Italie a glissé. Donald Trump et Vladimir Poutine se moquent d’Emmanuel Macron. Salvini glousse. L’Iran conseille à la police française plus de modération.  En trois semaines, la situation nous échappe. Quand avons-nous déjà partagé l’angoisse du sablier incapable de retenir l’écoulement des grains ?



Personne ne maîtrise plus rien. Dans les lycées, les proviseurs disent que les militants connus sont complètement dépassés. Ils tentent de reprendre la main en durcissant les revendications mais que glissent-ils exactement à l’oreille de leur camarade de classe met le feu à la poubelle du concierge ? L’autre n’écoute pas. Mettre le feu n’est plus un spectacle, c’est une politique. « On a raison de révolter ».



La guerre d’Algérie et le coup d’état de 1958 ? Tout le monde sauf les communistes s’était rallié. 80 % de oui au référendum. Il y eut de la colère, de l’engagement, des discussions serrées. Un moment la terreur de l’OAS, massivement rejetée par la société entière. Mais pas l’angoisse de l’inconnu.



1968 ? Partout on discutait. Un piéton s’arrêtait pour demander du feu, l’autre sortait son briquet, dans la minute qui suivait, cinquante personnes se mettaient à discuter. Partout on parlait. Des discours fous ou rationnels, des conférences dans la rue. On se levait le matin le cœur léger, on savait que mille fois dans la journée, on aurait l’occasion de se mêler au grand chambardement. Les partis se réunissaient, ça refaisait le monde. Un moment des attentats terroristes, massivement rejetés.



Aujourd’hui, cette agitation ressemble aux mouvements de foule qui de manière régulière bousculent les pays où les institutions ne fonctionnent pas. Où il n’y a pas d’assemblée élue, pas de gouvernement responsable, pas de constitution. Le seul fait de manifester est une déclaration. Ici, chez nous, le gouvernement gouverne, l’assemblée discute du budget, les partis s’opposent et tout se passe comme si rien de tout cela n’existait. Les responsables veulent rencontrer des manifestants qui leur échappent. Les responsables décident de ne pas décider. Ils suspendent, ils annulent, ils repoussent.



Pour le moment, la police intervient contre les casseurs. Mais la classe politique d’opposition est en déroute. Ils ne peuvent exister qu’en encourageant les émeutiers à l’émeute. La droite qui représente la loi et l’ordre, la hiérarchie et les privilèges, applaudit quand des boutiques sont pillées, des officiers de police bousculés. La gauche révolutionnaire, les insoumis, plongent dans le courant et découvrent la droite identitaire. Les ministres et les députés de la majorité se battent sur les plateaux de télévision, mais se battent contre qui ?



Le plus inquiétant encore est le silence. La majorité des citoyens français ne souhaite pas la révolution. N’approuve pas les violences insurrectionnelles. Mais elle se tait. Une poignée d’élus de la majorité présidentielle tente de dialoguer. On détruit leur permanence à coups de masse.



En écho, le général de Villiers nous explique ce qu’est un chef. Sale temps.




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