jeudi 27 décembre 2018

j'ai la réponse


Il faut dire ce qui est. Tout le monde sait parfaitement ce qu’il faut faire. A peu près dans tous les domaines : macroéconomie, finance internationale, écologie, santé, éducation, loisirs. Vous vous mettez face au présentoir d’un marchand de journaux et vous trouvez immanquablement des solutions à tous vos problèmes. Les réponses existent avant même que les questions apparaissent.

Tout le monde connaît les bonnes réponses et telle est la raison d’une mauvaise humeur ambiante. Mettez-vous dans la peau d’un prof qui explique à sa classe que deux et deux font quatre, patiemment, il pose deux bananes sur son bureau, ajoute deux bananes et se tourne vers la classe, triomphalement. Il s’attend à provoquer une forêt de mains levées, m’sieur, m’sieur, deux et deux ça fait quatre. Et il se rend compte alors que pour une partie de la classe, deux et deux ça fait trois, ou cinq. Non seulement une partie des élèves n’accepte pas le résultat, mais certains proposent un référendum pour décider quelle est la meilleure solution. Un QCM, deux et deux, ça fait combien ? Trois réponses possibles, trois, quatre, cinq. Cocher la case qui vous semble la bonne réponse.

Voilà le problème. Les réponses ne sont pas toutes les mêmes, mais chaque porteur de réponse est persuadé que sa réponse est la meilleure. Dans l’exemple donné ci-dessus, essayez de dire au patron que vous avez pris deux fois deux cafés, donc je vous dois trois cafés. Essayez pour voir.

La tentation est alors forte de s’énerver. Parfois, les gestes, les actions les plus spectaculaires, les agressions les plus glaçantes, finissent par remplacer les démonstrations inutiles, puisque vous avez en face de vous une personne qui prétend connaître une réponse plus juste que la vôtre. Devant ces difficultés, les réactions divergent. Certains renoncent, pensent que ça n’en vaut pas la peine. D’autres persistent, répètent leur démonstration, se tapent la tête contre le mur. Galilée, devant la menace du bûcher, s’est incliné devant l’église. Jean Hus, plus courageux, est mort dans d’atroces souffrances pour défendre des vérités que tout le monde a oubliées. Jan Palach, lassé d’expliquer aux soldats russes que l’invasion de la Tchécoslovaquie n’était pas la bonne solution, s’est immolé par le feu, est mort de ses blessures. Vous croyez qu’il a convaincu l’armée soviétique ? 

Personnellement, je fais partie des gens qui disposent de bonnes solutions à de nombreux problèmes, mais je sais que si les annonce publiquement, elles seront immédiatement réfutées par des ignorants ou par des carriéristes sans scrupule. C’est pourquoi j’évite de les rendre publiques. Je ne les donne que sur demande, vous m’envoyez une enveloppe timbrée et je vous donnerai la réponse. Dès réception, il vous appartiendra de trouver la question qui correspond.

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