samedi 29 décembre 2018

morne plaine


Notes sur un article de Barbara Loyer, « le juste en son reflet : réflexion sur l’ETA ». (Presses universitaires de Rennes, 2018).

 

            Dans l’Espagne démocratique, la violence politique avec mort d’homme dans une société qui permet toutes les formes d’expression politique, « ne doit pas être relativisée par le sentiment d’injustice » dont feraient état les assassins et leurs soutiens. Ce « relativisme » (tuer, ce n’est pas bien, mais…) « met en péril la société ». Au Pays Basque, des profs d’université, des journalistes, des élus, ont dû quitter leur région pour échapper à la menace. Au Pays Basque le terrorisme est un ensemble de faits, une liste de victimes. L’analyse de ces faits doit « reposer sur une évidence » : « tuer un homme n’est pas défendre une idée, c’est tuer un homme ».  

 

            A cette conception s’oppose l’interprétation de ces morts comme le résultat d’un « conflit », un conflit entre les nationalistes et l’état espagnol (et français). La paix est la fin de ce conflit et la reconnaissance du statut politique et militaire des emprisonnés.

 

            Pour ceux qui condamnent sans réserve, sans justification, le recours à la violence meurtrière dans un pays démocratique, il n’y a pas de conflit, pas de paix, mais la victoire de la démocratie sur le terrorisme.

 

            Ce débat classique du post-terrorisme fait rage au Pays Basque espagnol. Au Pays Basque français, il n’existe pas. La société politique, les élus, les journaux, acceptent l’idée d’un « conflit » entre terroristes et états qui doit se terminer par des négociations, par la reconnaissance du statut politique des assassins. Ceux qui ne sont pas d’accord se taisent. C’est pourquoi les héritiers des assassins félicitent tous les jours, dans les discours, dans leur presse, dans leurs manifestations, une société basque française qui reprend leur récit mot pour mot. Il faut terminer le « conflit » par des mesures de rapprochement ou d’amnistie. Les héritiers des assassins félicitent « une classe politique responsable ». Ils félicitent le député Vincent Bru qui sort d’une entrevue avec un prisonnier en déclarant qu’il était «correct ». Vous avez bien lu. « correct ». Pas avec un K. avec un c.

 

            Ce relativisme nous dit Barbara Loyer, « met en péril la société » toute entière. La grande majorité des élus du Pays Basque français, en adoptant la thèse d’un « conflit » qu’il faut terminer, en reprenant ainsi les thèses des assassins de l’ETA, fragilisent la démocratie. On ne les entend pas beaucoup, même pas du tout, protester contre les actions illégales des jeunes « patriotes », contre les actions illégales des gilets jaunes. Ils ne peuvent pas, ils se sont liés les mains avec leur soutien aux thèses de la gauche abertzale la plus radicale.

 

            C’est pourquoi il importe de saluer ceux qui sauvent l’honneur du Pays Basque français, qui ont pris position publiquement contre les blanchisseurs de terreur que sont les « artisans de la paix ». Les élus Jean-Jacques Lasserre, Brigitte Pradier, Alain Robert. La liste est brève. Ils se remarquent d’autant plus que leur station debout se détache sur une morne plaine d’échines courbées.

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