mardi 19 mars 2019

pinker et rosling


Le temps des menaces. La montée des néo-fascistes. La propagation des haines ethniques. Massacre des Juifs, massacre des musulmans. Les glaciers fondent. Les abeilles disparaissent. Devant l’ampleur des dangers, Dieu a démissionné et demande à ses fidèles de ne plus croire en lui. Il était capable de faire marcher Jésus sur un lac et de guérir ici et là à la grotte de Lourdes (encore qu’aucun manchot n’a jamais récupéré un bras), mais trop c’est trop.

Du coup, nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous ne croyons plus que les prophètes du malheur. Après nous le déluge. Etourdissons-nous de musique, d’alcool, de plaisirs. Mais la   majorité de nos semblables refuse de baisser les bras. Ils posent des rails pour que nous puissions nous déplacer, dressent des poteaux pour que les flux circulent, impriment des feuilles, plantent des graines et colorent les joues.

C’est-à-dire que dans la pratique, nous agissons comme si le pire n’était pas certain. Pour nous aider, allons voir du côté des penseurs qui rament à contrecourant du pessimisme ambiant. Steven Pinker ‘La part d’ange en nous) et plus récemment Hans Rosling Factfulness, Flammarion). Hans Rosling constate le pessimisme généralisé. Voici comment Laurent Joffrin résume sa pensée : « l’humanité a vécu des dizaines de milliers d’années à l’état de chasseur-cueilleur, toujours menacée par les bêtes fauves, les accidents naturels, la faim, la soif ou l’attaque d’autres groupes humains…elle tend par un mécanisme de survie intégré dans son patrimoine génétique, à exagérer systématiquement les dangers qui la menacent ». (libération, 13 mars 2019)

Les raisons avancées de ce pessimisme sont discutables. Mais le pessimisme est bien réel. Interrogés sur l’état du monde et son avenir, les humains noircissent systématiquement le tableau. Deux exemples. Quand on demande de classer les pays selon leur degré de richesse, la plupart des réponses séparent le monde en une minorité riche au Nord et une majorité misérable au Sud. Or la grande majorité de l’humanité, en Asie notamment est sortie de la misère. Résultat du développement de pays comme la Chine, l’Inde ou certains pays d’Afrique. Deuxième exemple : les Occidentaux classent le terrorisme en première place des dangers qui les menacent. En fait, moins de 1% de pertes humaines dues au terrorisme sont enregistrées dans les pays du nord. Autrement dit, les terroristes frappent à 99 % les populations pauvres, alors qu’on les présente comme le bras armé d’une revanche des pauvres contre les riches. Comme Steven Pinker, Hans Rosling estime que l’humanité va mieux et qu’elle ira encore mieux dans l’avenir.

Je suis convaincu, mais je n’arrive pas à me débarrasser des définitions données par Billy Wilder du pessimisme et de l’optimisme. Parlant des Juifs allemands, il disait que les pessimistes se sont retrouvés à Hollywood et les optimistes à Auschwitz.

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