lundi 25 novembre 2019

murs murs


Murs murs



            Dans la Creuse,  dans un petit village nommé Vidaillat, l’école primaire était délimitée par un mur. Le village était à ciel ouvert, mais les classes étaient calfeutrées derrière les pierres. À Saint-Quentin, dans l’Aisne, le lycée Henri Martin était une masse compacte cachée derrière des murs plus hauts que ceux de la prison. C’était un lycée de garçons. Le lycée de filles, à la libération occupait les locaux du palais de justice, le palais de Fervaques.  et les classes donnaient sur la ville. Les lycéens d’Henri Martin pouvaient voir les lycéennes, nous leur étions invisibles. Du Lycée Henri Martin, je migrai vers le Lycée Faidherbe, à Lille, une caserne toute entière protégée par des murailles militaires. Du Lycée Faidherbe, je migrais à Paris vers l’Institut d’anglais, rue de l’Ecole de Médecine, un ancien cloître protégé par des parpaings et des portes pesantes. De là, je m’enfermais au Lycée Saint-Louis, barricadé par d’épais remparts. Une caserne. Du Lycée Saint-Louis, je m’évadais vers l’Université de Vincennes, des préfabriqués dans le bois, sans enceintes, sans portes, sans murailles, à ciel ouvert, où l’on rentrait et on sortait sans clé, sans cartes, juste pour voir. Pas question d’entrer ainsi « pour voir » au Lycée Saint-Louis, à l’Institut d’Anglais, au Lycée Faidherbe. Peut-être y avait-il un autre type d’enfermement, mais un enfermement qui n’avait pas besoin de murs.

            J’ai ensuite connu le mur de Berlin, que j’ai contribué à construire en en justifiant la construction pour des raisons prolétariennes. Ensuite, j’ai connu en Irlande les murs de Belfast et de Derry, remparts  que j’ai contribué à détruire en déconstruisant leur construction.

Croire que les murs empêchent d’entrer ou de sortir est une illusion. Leur unique fonction est de définir ceux qui les construisent.

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