dimanche 29 janvier 2017

rabat


Rabat



Dans le train Biarritz Montparnasse personne ne prie. Dans l'avion Paris Rabat, ma voisine de gauche passe les deux heures et demi voyage à prier, les mains grande ouvertes sur la tablette. Avant de s'embarquer, il faut faire la queue devant l'enregistrement des bagages, puis les différents sas de sécurité devant des agents à qui j'ai appris à dire désormais que ma prothèse de la hanche déclenché les stridulences des portiques. Grâce à ma canne, je survole les files de voyageur. 



Dans l'avion, le journal le Matin donne des nouvelles du Royaume. Journal officiel illisible Comment remplir trente pages pleines de rien.



Par France 24, nous apprenons ce que nous savions déjà, Benoît Hamon en tête au premier tour et le ralliement de Martine Aubry au chef des jeunes socialistes. Je vais voter Manuel Valls au second tour.

Maroc Une situation complexe. Ce ne sont plus les années de plomb, mais une surveillance permanente ouverte, sans vergogne. Des téléphones, sans doute, mais aussi de la vie privée, un contrôle de la presse et des grands moyens d'information. Le colloque sur la diffamation a eu lieu sans interdit, personne ne va en rendre compte. Le jour du colloque, à Rabat, mercredi 25 janvier, un autre colloque a été organisé à Casablanca, sur le même sujet. Un ‘contre-colloque » sans doute. Une conférence d'un responsable des droits de la presse, un officiel, devant des journalistes de la presse francophone, sur le même thème, la déontologie des journalistes, la censure, etc. Deux pages dans la presse quotidienne du jeudi et vendredi suivant, rien sur le colloque de Rabat.



Rien sur le procès en cours. Sept intellectuels, militants, journalistes, poursuivis pour des motifs divers surtout pour avoir reçu de l'argent de l'étranger, une accusation familière dans les systèmes non démocratiques, comme dans la Russie de Poutine. Le procès a déjà été reporté six fois. Ce sera une septième fois. Semble-t-il pour non envoi de convocations. Il ne s'agit pas de condamner encore que les séjours en prison et les tabassages ne soient pas absents des témoignages, mais surtout de faire planer la peur. Une crainte permanente, pas les années de plomb, mais les années crainte. Le lendemain du colloque, nous sommes allés visiter des ruines romaines. Deux hommes en imperméable nous observaient. Nous avons quitté les ruines pour visiter le mausolée, un monument aussi luxueux que l'appartement de Trump, ça donnerait envie de mourir sur place, et nous retrouvons nos deux pieds nickelés qui nous observent. Je m'approche et je leur dis, mais vous étiez déjà aux ruines romaines? Et maintenant vous ici? L'un d’eux me répond: nous sommes partout. Ils ne se cachent pas, ce ne sont pas de mauvais policiers, au contraire, ils affirment leur présence et leur rôle est précisément de se montrer. Que les gens sachent qu'ils sont surveillés. Pour qui passe trois jours à Rabat, ça n'a pas beaucoup  d'importance, pour qui vit là-bas, c'est insupportable. 

En même temps, pour une majorité de Marocains, pour les puissances occidentales, la famille royale au Maroc est une protection contre l'islamisme meurtrier et intégriste. 

Voir en pièce jointe ou sur mon blog mon intervention à ce colloque.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire