lundi 2 janvier 2017

réparer les victimes

Michel Berthcoirigoin veut « réparer les victimes ». (Sud-Ouest 2 janvier 17)
 
Le conflit armé au Pays Basque peut porter deux noms différents. Ou bien il s’agit d’une guerre de nationalistes basques contre l’impérialisme espagnol et français. Ou bien il s’agit d’une entreprise d’un groupe minoritaire qui voulait imposer ses objectifs par la terreur.
Ces analyses différentes conduisent à des conclusions différentes. S’il s’agit d’une guerre, les combattants arrêtés ne sont pas des terroristes, mais des prisonniers de guerre. On peut offrir l’armistice, signer un traité de paix, négocier les modes de reddition et de restitution des armes.  S’il s’agit d’une entreprise terroriste, il faut considérer les combattants comme des criminels, les arrêter et les condamner.
La grande majorité des Basques espagnols et français considère qu’il s’agissait d’une entreprise terroriste. La grande majorité des Basques espagnols et français considère que les 21 morts d’Hipercor, les 830 morts, les assassinats de gendarmes, de conseillers municipaux, de maires, d’entrepreneurs, la collecte mafieuse de l’impôt révolutionnaire, n’étaient pas des actions de guerre, mais des actions terroristes. Ils l’ont manifesté par centaines de milliers dans les rues du Pays Basque et par centaines de milliers dans les urnes. Les partis politiques qui soutenaient ces actions n’ont jamais obtenu qu’un appui marginal.
Battus dans l’opinion, réduit en nombre par les arrestations, fatigués par la prison ou par la clandestinité, les etarras ont décidé d’arrêter leurs activités meurtrières et de cesser le feu. Ils sont persuadés que le silence des armes les transforme en résistants légitimes. Ils réussissent à entraîner dans ce sillage une partie de la société basque, surtout au Nord où les dégâts ont été moins importants.
Les innocents participants à Louhossoa adoptent la première analyse. Le processus de paix était bloqué, dit Michel Berthcoirigoin, ancien président de la chambre d’agriculture alternative du Pays Basque. Les gouvernements français et espagnols restaient dans une « position de reddition absolue de l’ETA ». « Cela pouvait aboutir à quelque chose de dangereux ». Ils ont donc décidé, avec l’accord de l’armée nationaliste, (ETA) de neutraliser un stock d’armes. Comme l’ETA avait annoncé qu’elle n’était plus une organisation armée, cela ouvrait des perspectives inédites.
Quand il a été arrêté, il s’est aperçu que les enquêteurs étaient spécialisés dans la lutte antiterroriste. Comment peut-on ainsi amalgamer des poseurs de bombes, des kidnappeurs, les assassins de Yoyès, à des terroristes ? Bonne question. D’ailleurs, le désarmement permettra, lisez la suite sans hurler, permettra, je cite, « la réparation des victimes ». Vous comprenez la différence ? On ne pourra jamais réparer les victimes du Bataclan ou de Nice, mais les victimes de l’ETA, on peut les « réparer ».

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