samedi 8 avril 2017

reconversion


Dans le Chicago des années trente, une mafia terrorisait la population, rackettait les commerçants, les chantiers de construction, les boîtes de nuit. Cette mafia achetait les élus municipaux et les policiers, exécutaient ceux qui n’étaient pas dociles. Les veuves et les mères qui pleuraient trop fort étaient priées de s’exiler. Par la terreur, les mafieux obtenaient un pouvoir sur la ville qu’ils n’auraient jamais obtenu par les moyens politiques démocratiques.

Pourtant, ils n’étaient pas vraiment satisfaits. D’une part, cette manière de régler les conflits par les armes les faisaient vivre en permanence sous une pesante protection, les familles n’étaient jamais vraiment à l’abri. Et la police avait recruté des incorruptibles qui réussissaient de plus en plus à arrêter et mettre hors d’état de nuire cette bande de malfaisants.

La pression policière et les plaintes de la population étaient si fortes que de plus en plus de membres de cette mafia songeaient à une reconversion. Pourquoi ne pas utiliser toute leur intelligence, leur énergie, leur fougue, pour accéder à des carrières politiques. Pourquoi ne pas utiliser des moyens réguliers pour arriver à gouverner la ville, comme tant d’autres le faisaient sans mitraillette ?

Pour atteindre cet objectif, il fallait renoncer aux règlements des problèmes par l’épée et ne plus utiliser que la ruse. Ils envoyèrent les enfants à l’université, comme avocats, économistes, managers. Ils cachèrent les armes ou offrirent même de les rendre à la police pour montrer qu’ils avaient vraiment renoncé  à la terreur. Ils offrirent d’indemniser leurs victimes et leurs familles, de leur payer des études ou des voyages à l’étranger. Petit à petit, les mafieux qui n’étaient pas en prison renoncèrent à toute activité criminelle, tentèrent de se faire accepter dans les meilleures sociétés, dans les assemblées, les parlements.

Ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire, qui était vraiment hors de portée, c’était d’organiser une belle fête populaire pour célébrer leur reconversion. Il y a des limites à ce qu’une société peut accepter.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire