samedi 21 avril 2018

ils ont perdu


Ils ont perdu !



En demandant pardon, l’ETA reconnaît que ses 829 victimes sont mortes pour rien (Laurent Joffrin libération du 20 avril 2018). Que les etarras sont morts pour rien ; qu’ils ont perdu des centaines d’années en prison pour rien.  C’est pourquoi demander pardon est si difficile. Le pardon remet en cause l’engagement de toute une vie. Et à partir de là, il ne reste plus aux acteurs de la terreur qu’à à disparaître, à se taire. À constater que les mouvements non violents pour l’autonomie ou l’indépendance, comme en Ecosse, au Québec, en Catalogne, obtiennent de meilleurs résultats. Que les meurtres des etarras ont fait reculer leur cause, ont terni leurs ambitions, n’en finissent plus de peser sur toutes les revendications nationales, mêmes les plus paisibles. Et encore aujourd’hui, au Pays Basque, les nationalistes s’épuisent à gérer les conséquences d’un engagement mafieux, les prisonniers, les victimes, les blessures. Ils frissonnent quand Aramburu décrit la société de la terreur qu’ils ont construite. Ils supportent mal les manifestations de victimes, les livres d’histoire de leurs forfaits, les films qui les fustigent, et pire que tout, les repentis qui racontent leurs crimes. Ils préfèrent de beaucoup les fêtes à la sortie des prisons, les manifestations pour le rapprochement des prisonniers, les récits des tortures et des brutalités policières, toutes manifestations qui sont leur méthadone et leur subutex. Tout plutôt que de demander pardon.

C’est pourquoi il ne faut pas mégoter. L’ETA a demandé pardon et ce pardon va engloutir les nuances et les réticences. Ce pardon signifie « nous nous sommes battus pour rien, nous avons tué pour rien, nous sommes morts pour rien ». EPPK l’a bien compris qui a rompu toute relation avec ETA justement pour cette raison.

Quand la société de blanchissage Txetx and C° a négocié avec l’ETA la comédie du désarmement, l’ETA a bien pris soin de préciser, et Txetx et ses blanchisseurs ont accepté, que la remise des armes n’était pas une reddition, n’était pas un regret des actions passées. Mais bien sûr ont répondu Txetx, c’est juste une manière de sortir de votre bourbier la tête haute et la nuque raide. L’horreur est sauve. Voici du savon pour nettoyer le sang. Et si vous êtes sages, nous vous promettons une belle statue avec une hache toute propre, nettoyée de vos massacres.

L’engagement terroriste agit comme une drogue et les produits de substitution ne sont guère efficaces. Comment se faire passer pour un martyr si on regrette les meurtres commis ? On connaît au Pays Basque des anciens terroristes qui écrivent des livres, qui décrivent l’enfer de la prison, qui se présentent comme des victimes. Mais ceux-là n’ont jamais demandé pardon. Gaby Mouesca, condamné pour l’assassinat d’un gendarme, n’a jamais demandé pardon. Il écrit un livre qui s’intitule la nuque raide. Demander pardon, c’est s’incliner devant les victimes. Pas question quand on a la nuque raide. Évidemment, maintenant que l’ETA demande pardon, Gaby va se trouver dans une situation délicate. Va-t-il approuver sans suivre ? Suivre sans approuver ? Les communistes ont connu ces affres idéologiques quand leur parti a condamné le stalinisme et la dictature du prolétariat et les crimes du communisme. N’était-ce pas remettre en cause toute une vie de combat ? Vous comprenez pourquoi Gaby Mouesca, à sa sortie de prison, est allé chercher un peu de chaleur à le Fête de l’Huma, avec les siens qui n’ont jamais demandé pardon non plus.

Je peux vous déclarer ici publiquement que si les complices du goulag et des famines que nous étions, avions été ainsi accueillis, nettoyés, lessivés, pardonnés sans demander pardon, qu’est-ce qu’on aurait été heureux ! Au lieu de ces sang et lumière, la société française et occidentale n’a pas arrêté de faire l’histoire des crimes du communisme, nous a accusés de complicité et résultat, le PC se trouve à 1,5% aux élections. Remarquez, c’est trois fois plus que les FARC. Mais quand même vous voyez la difficulté.

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