Réunion groupex 8 avril 2013
Jacobo
Machover, auteur de La face cachée du Che
a débattu avec Olivier Besancenot auteur de Che
Guevara, une braise qui brûle encore sur LCP en octobre 2012. Il a cité des
paroles du Che qui étaient de véritables appels au meurtre révolutionnaire. Il
a rappelé que le Che invitait parfois des amis, à assister à des exécutions,
généralement vers trois heures du matin. Olivier Besancenot répondait que ces
« détails » n’étaient utilisés
que pour déstabiliser la révolution et les révolutionnaires. Qu’il ne fallait
pas en parler. Avant Olivier Besancenot, d’autres dirigeants communistes
affirmaient que les procès staliniens étaient des détails qui servaient à
déstabiliser la révolution.
Mireille
Bertrand parle de ses voyages à l’étranger. Membre du Bureau politique, elle
allait dans les pays frères, en délégation officielle ou en vacances. Une fois,
les camarades ont cru qu’un autre membre de la délégation était le membre du
BP. Ils l’ont conduit dans un wagon spécial pour lui tout seul. Les autres
membres de la délégation se partageaient un autre wagon. Le lendemain, ils se
sont rendus compte de leur erreur et se sont confondus en excuses. On imagine
la sanction. En séjour à Cuba, avec Georges Séguy, on promettait aux amis
français la visite de Fidel Castro. Tous
les jours on leur promettait la visite de Fidel. Tous les jours il fallait se
préparer à sa visite. Puis un jour, on les a réveillés à trois heures du matin
et emmenés dans un pavillon de réception à trois heures du matin. Fidel est
arrivé avec sa suite, ses gardes du corps. Il parlait, on ne lui posait pas de
question. Jacobo dit que ce cérémonial avait un sens : d’une part, le chef
est très occupé et décide de l’emploi du temps des autres. D’autre part, le
chef ne dort jamais, comme Staline au Kremlin, son bureau était allumé toute la
nuit, et il ne dormait que quelques
heures le matin. Enfin, plus terrifiant, trois heures du matin c’était
l’heure des exécutions et les gens tremblaient en attendant Fidel, ou le Che.
La terreur était un moyen de gouvernement. C’est la différence entre Fidel et
Chavez. Au Venezuela, ce n’était pas la terreur.
Pourtant,
le Venezuela est l’un des pays les plus violents au monde. Dans les quartiers,
l’Etat se dissout, remplacé par les conseils de la révolution. l’auto
organisation du peuple. Les tribunaux populaires, les punitions sans jugement,
mènent directement à la constitution de groupes mafieux.
Puis
revient inlassablement la question : comment avons-nous pu accepter ?
On nous demandait de condamner Laurent Casanova et Marcel Servin et la
direction du Parti ne se contentait pas de condamner et de diffuser la
condamnation, il fallait que les militants réunis en cellule ou en comité de
section votent et approuvent la condamnation de Laurent Casanova et Marcel
Servin. Nous n’avons pas exclu grand monde, mais nous avons voté, nous avons
approuvé.
Puis
nous avons parlé de la situation en France, les affaires, la tourmente. Nous
avons dit premièrement que les responsables du PS sont recrutés et fonctionnent
dans la connivence. Qu’ils sont incapables de recruter en dehors de leur
cercle. Qu’ils refusent les différences. Les exemples sont nombreux de
militants ouvriers, syndicalistes, politiques, que le PS n’a jamais réussi à
intégrer. Lors des différentes crises du PC, les dirigeants exclus, condamnés,
démissionnaires, n’ont jamais vraiment trouvé place au sein du PS. La liste est
longue et pour ceux que nous connaissons, Henri Fiszbin, Charles Fiterman,
Louis Régulier, et des membres de notre groupe. Nous adhérions au PS mais on
nous considérait comme des repentis. Quand nous intervenons pour critiquer les
« phrases de gauche », on nous regarde, c’est normal, nous sommes des
anciens cocos et notre parole est dévalorisée. Nous disons que le PS est inapte
à intégrer ceux qui ne font pas partie du cercle. Comment des dirigeants aussi
talentueux que François Chérèque, Nicole Notat n’apparaissent jamais dans la
liste de nos responsables ? Sont-ils approchés ? Leur demande-t-on
une intervention, des remarques, des indications politiques ?
Nous
sommes frappés par l’inaptitude généralisée
du PS à participer au débat politique. Les militants naviguent au gré du vent
et des courants. L’exemple vient de haut. Sur la réforme scolaire, les réformes
territoriales en Alsace, le nationalisme basque… Comment peut-on gouverner avec un socle militant
aussi fragile ?
Nous
sommes des ex. Pas des anciens. Nous avons rompu avec le communisme. Les
livres, les documentaires, les articles, les entrevues, portent généralement
sur les anciens. Nous ne sommes pas d’anciens cocos, nous sommes des ex et
cette rupture n’est pas nostalgie, n’est pas adieu aux armes. Elle est notre
porte d’entrée dans la politique aujourd’hui.
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