lundi 22 avril 2013

nostalgie


Nostalgie


            Avant les autoroutes, les vieux du village regardaient passer les voitures pendant les migrations estivales. Aujourd’hui, ils passent les heures devant l’écran, la tablette et le journal, où défilent les mêmes images, résonnent les mêmes mots. Crise morale, crise du système, crise de société, mariage pour tous, homophobie, attentats ; François Hollande plonge, le groupe socialiste au parlement est affolé, nuages, tremblements de terre.

            Aux États-Unis on ne parlait que des Tea Parties, mais c’est Obama qui a été élu. En France, on ne voyait que Mélenchon et Marine le Pen, mais c’est Hollande qui a été élu. En Irlande du Nord, on ne voyait que les paramilitaires, mais c’est le processus de paix qui se met en place. Au Pays basque, c’était la terreur entretenue par l’ETA, mais les armes se sont tues.

            Envisager le pire à notre porte provoque une exquise souffrance. La vie quotidienne n’est pas toujours drôle, les guerres mondiales noircissent les manuels d’histoire et les révolutions se cachent dans la couleur des cravates. L’excitation se réfugie dans les séries télévisées, les films catastrophe, les journaux de vingt heures. A côté des chocs monstrueux entre partisans et adversaires du mariage pour tous, la bataille de Verdun ressemble à une partie de pétanque.

            Sur la longue durée, les dictatures s’effondrent, les guerres reculent, les compromis se nouent, les homosexuels se marient, les femmes violées portent plainte, la famine tue moins d’hommes, on assassine moins et on divorce plus. Alors, forcément, on s’ennuie. 

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