Nostalgie
Avant
les autoroutes, les vieux du village regardaient passer les voitures pendant
les migrations estivales. Aujourd’hui, ils passent les heures devant l’écran,
la tablette et le journal, où défilent les mêmes images, résonnent les mêmes
mots. Crise morale, crise du système, crise de société, mariage pour tous,
homophobie, attentats ; François Hollande plonge, le groupe socialiste au
parlement est affolé, nuages, tremblements de terre.
Aux
États-Unis on ne parlait que des Tea
Parties, mais c’est Obama qui a été élu. En France, on ne voyait que
Mélenchon et Marine le Pen, mais c’est Hollande qui a été élu. En Irlande du
Nord, on ne voyait que les paramilitaires, mais c’est le processus de paix qui
se met en place. Au Pays basque, c’était la terreur entretenue par l’ETA, mais
les armes se sont tues.
Envisager
le pire à notre porte provoque une exquise souffrance. La vie quotidienne n’est
pas toujours drôle, les guerres mondiales noircissent les manuels d’histoire et
les révolutions se cachent dans la couleur des cravates. L’excitation se
réfugie dans les séries télévisées, les films catastrophe, les journaux de
vingt heures. A côté des chocs monstrueux entre partisans et adversaires du
mariage pour tous, la bataille de Verdun ressemble à une partie de pétanque.
Sur
la longue durée, les dictatures s’effondrent, les guerres reculent, les
compromis se nouent, les homosexuels se marient, les femmes violées portent
plainte, la famine tue moins d’hommes, on assassine moins et on divorce plus. Alors,
forcément, on s’ennuie.
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