lundi 1 avril 2013

écoles


Ecole
Il ne serait pas inutile d’analyser les convulsions scolaires comme un moyen par lequel se manifestent les immenses tensions dues aux inégalités du système. Le système scolaire français est caractérisé par une coupure profonde entre les filières d’excellence et le reste. « le reste » est vécu comme un échec. Il en résulte une course effrénée à l’excellence, une course sans fin. On quitte la Goutte d'Or pour traverser le boulevard, on quitte le public pour le privé et dans les maternelles les enfants doivent apprendre le chinois à quatre ans et la géométrie dans l’espace à six.

Les enseignants les mieux payés sont les professeurs des classes préparatoires. Et voyez Alain Finkelkraut, qui enseigne à Polytechnique. Son école s’est battue contre l’entrée des femmes, contre l’entrée des boursiers, mais il donne des leçons au monde entier sur la valeur du savoir et de la transmission des connaissances.

Cette fissure court tout au long du système. Toutes les matières peuvent devenir instrument de sélection : la dictée, l’orthographe, le latin, les maths. Toutes les pédagogies peuvent servir à renforcer les inégalités. L’échec se réalise très tôt et le rattrapage est difficile ou impossible. Il existe des « écoles de la deuxième chance », comme si tout l’enseignement ne devrait pas être une seconde chance offerte en permanence à tous.

Si tout est bon pour sélectionner, tout est bon aussi pour exprimer frustration et colère et les tensions qui agitent les sociétés scolaires ne sont surprenantes que si l’on n’intègre pas ce facteur. Tout le monde veut le bien des enfants, parents, enseignants et les élèves eux-mêmes et pourtant ils s’étripent sur les notations, les rythmes scolaires. Sans doute parce qu’on parle d’autre chose.

Les réformes dans ce domaine sont difficiles. Ceux qui sont du bon côté s’accrochent, ceux qui n’y sont pas veulent y entrer. Dans ces conditions, améliorer les maternelles, les primaires, le collège, est tout à fait nécessaire, mais si notre système d’enseignement continue de ressembler à un entonnoir renversé, les conséquences pourront être une sélection ressentie plus cruellement encore. Il faut démocratiser par le haut, desserrer l’étau, ouvrir les fenêtres, créer des aspirations et des respirations nouvelles. Les projets de rassembler patiemment prépas et filières universitaires vont dans le bon sens.

Et donner l’exemple. Que le PS insère de nouvelles couches sociales parmi nos élus et nos responsables. Qu’il organise des instituts de formation et de promotion de nouveaux cadres. Montrer l’exemple, c’est renoncer au cumul des mandats qui bloque la machine. Examiner la composition sociale des élus, des cabinets ministériels et se dire que limiter le recrutement à des anciens de l’ENA, de la presse, du marketing, de l’inspection des finances, c’est une vraie question politique. 

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