La fête du quartier Bibi, un quartier de Biarritz, un vieux quartier. Des chanteurs basques, des musiciens basques, des chants basques repris en chœur sous la tente où l’on mange de la viande de moutons élevés au Pays basque. Les participants à la fête sont majoritairement étrangers au Pays basque, ils ne parlent pas la langue, sont nés ailleurs, ou ici, mais n’ont aucune sympathie pour les revendications nationalistes. Ils apprécient pourtant l’ambiance folklorique qui imprègne les musiques et la cuisine.
Puis, d’un seul coup, insidieusement, par ruse, sans y prendre garde, un mot, une expression que personne n’a remarquée gâche l’ambiance. Le marché de produits et légumes frais est organisé par la Chambre d’agriculture basque (EHLG), qui regroupe les paysans basques parce qu’ils ne sentent pas représentés par la chambre d’agriculture du département des Pyrénées atlantiques où les paysans béarnais sont majoritaires. EHLG est financé partiellement par le Pays basque sud et font partie du Pays basque nord. L’utilisation de ces termes est clairement nationaliste. Les non nationalistes disent « Pays basque français » et « Pays basque espagnol ». EHLG est considéré comme illégal par la préfecture puisqu’il existe une chambre d’agriculture pour le département. Mais la ville de Biarritz finance un marché de paysans « basques » organisé par un syndicat de paysanss « basques », (ELB) comme il y a un syndicat ouvrier basque (LAB). Il n’y a pas de syndicats ouvriers alsaciens ou bretons ou picards, mais au Pays basque nord, les paysans et les ouvriers ont des revendications spécifiques qui les poussent à organiser des sociétés financées par le Pays basque sud. Et lorsqu’EHLG se glisse dans une fête, le journal nationaliste du Pays basque financé par le Pays basque sud, Le Journal, consacre plusieurs colonnes à la reconnaissance par la fête de Bibi d’un syndicat nationaliste basque. Un syndicat nationaliste n’est pas caractérisé principalement par des revendications spécifiques, mais par le fait qu’il demande la réunification du Pays basque nord et du Pays basque sud. Il se caractérise aussi par le silence total sur les violences et les assassinats de l’ETA, par le refus de condamner le racket des entreprises du Pays basque sud. Pourtant, voilà bien une revendication spécifique au Pays basque, la lutte contre le racket.
Ce n’est pas grave, ce n’est rien, à quoi bon s’énerver pour un marché de légumes et de fruits frais du Pays basque ? Pas à pas, silencieusement, se mettent en place les éléments d’une société où le gouvernement aura l’adjectif « basque ». Où les non-basques seront des étrangers. Je suis parano ? Les nationalistes basques ont lancé une carte d’identité basque, qui n’a guère eu de succès, mais une carte d’identité basque, c’est le partage entre « vrais basques » et les étrangers. Quand je me mêle de ces questions, d’ailleurs, les militants nationalistes me répondent que je n’y comprends rien parce que je suis un étranger. Que je n’ai pas à me mêler des questions qui ne me regardent pas.
Pas du tout me répondent les nationalistes basques nord, nous avons les idées larges. Tout le monde est le bienvenu au Pays basque nord. Si tout le monde est bienvenu, j’envoie immédiatement une lettre aux organisateurs demandant une place au marché de la fête de Bibi, comme paysan français de France, pour y vendre mes pommes. Je vous ferai connaître leur réponse.
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