mercredi 5 septembre 2012

dimanche

Dimanche 2 septembre. La ville est à nous. Les quais du canal de l’Ourcq appartiennent aux piétons, aux cyclistes, aux pousseurs de bébé, aux glisseurs sur planches, aux rouleurs sur patins, aux joggeurs. Et le long de la Seine, entre dix heures et dix-neuf heures, c’est pareil. Un enfant casqué roule à gauche et la foule sportive le sermonne devant le père rouge de honte. Un pigeon écrasé rappelle la brutalité de la voie rapide. Il gît en galette emplumée comme un épouvantail efficace : les oiseaux ne reviennent pas le dimanche, il faudrait plus de temps pour qu’ils reprennent possession des lieux. Bizarre cet autoroute qui devient jardin de glisse, promenade pour familles recomposées, couples homos ou hétéros, patineurs malins. Comme si un quartier de haute sécurité six jours par semaine devenait le septième jour un centre de loisirs. Sans qu’on ait lessivé les murs, sans qu’on ait balayé le sol. Une fois par semaine, Long Kesh deviendrait le Club Med et Sing Sing une salle de sports.

Ce n’est qu’un dimanche, un jour par semaine. Mais je vous en prie, faite le voyage. Passez à pied ou à vélo devant l’île Saint-Louis, l’île de la Cité, les quais de la Seine, la Conciergerie, le musée d’Orsay, débouchez sur la Concorde à l’heure où les touristes  piqueniquent sur les murets comme une nuée de moineaux.

L’été est le paradis des vélos. Des cyclistes. Des vélibistes. Il y en a partout. Les stations sont fournies. Les postes libres sont légion. Les voitures jouent à tamponne-car sur les autoroutes. Paris est à eux. Paris, c’est bien quand les Parisiens sont partis.

Quand tout le monde est revenu, les vacanciers et les expulsés, les salariés et les chômeurs, les locataires, les propriétaires et les squatteurs, Paris se crispe sur les courants quotidiens. Plus de place dans le métro, dans les bus, les poussettes disputent l’espace aux caddies, les téléphones aux baladeurs. Le matin après neuf heures, les stations vélib sont vides. S’il reste un ou deux vélos, c’est comme le marché aux célibataires : s’il est encore seul et pas pris, c’est qu’il a défaut. En arrivant à destination, c’est le contraire, plus une place disponible. Pour s’en sortir, le secret est de prendre deux abonnements, ou de nouer une relation durable avec un partenaire qui n’habite pas Paris, qui vient de temps en temps, mais pas trop souvent, et qui vous laisse son abonnement quand il ou elle n’est pas là. Avec vos deux cartes d’abonnement, vous pouvez jouer à sortir un vélo, à le remplacer par un autre et ainsi le temps coule moins vite. Attention ! Quand vous avez déjà un vélo, et que vous en sortez un autre, prenez garde au voyou qui glisse son vélo dans l’espace ainsi libéré et risque de vous laisser avec deux vélos sur le dos au lieu d’un. Les Mormons et les Musulmans polygames se retrouvent parfois avec cinq ou six  vélib sur les bras. 

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